Si François Gilbert était cinéaste, ses films seraient présentés à Fantasia. Avec ses histoires sanglantes où sexe et mort se côtoient, ses personnages légèrement désaxés sous un couvert de normalité, il y a de la série B dans ses livres, autant dans son premier roman, Coma, que dans celui-ci.

Surtout qu'il installe ses récits au Japon, où la rigidité des codes permet d'aller plus loin dans la transgression des apparences.

Nanami aimait bien coucher (gratuitement) avec les touristes étrangers avant de rencontrer son futur mari, bien sous tous rapports. À quelques jours de son mariage, un ex-amant à tendance SM réapparaît et lui demande son aide. Nanami traverse alors de l'autre côté du miroir, allant toujours plus loin malgré sa peur de se faire prendre.

Écriture froide par-dessus le feu qui couve et ambiance glauque sur fond de quête identitaire, La maison d'une autre brille d'un éclat glacé - disons même congelé, ceux qui le liront comprendront! - et s'il n'est pas pour tout le monde, il se démarque par sa rigoureuse cohérence.

Avec ses histoires que ne renierait pas un Patrick Senécal, avouons aussi qu'on aimerait voir de quoi François Gilbert serait capable s'il les déplaçait au Québec.

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La maison d'une autre. François Gilbert. Leméac. 143 pages.