D'entrée de jeu, on suit des aînés à la vie bien remplie qui, au crépuscule de leur existence, se rattachent à ce qu'ils croient léguer comme héritage et souvenirs, pour finalement disparaître sans laisser quoi que ce soit d'autre qu'un espace vide à combler.

Tantôt le coeur, tantôt la folie, l'implacable oeuvre du temps retire, une écharde à la fois, l'essence de leur personnalité.

Le ton est donné, brut et sans complaisance pour les protagonistes offerts en pâture aux lecteurs. Voici notre sujet, voici ses choix, ses actions, ce qui en résulte et passons au suivant.

Chacune de ces échardes représente un fragment minuscule extirpé de la vie de ces personnages à peine abordés, croisés au hasard de leur existence.

Séparés en 5 grands chapitres, les 44 courts récits présentent froidement ces êtres au destin particulier ou commun, sans laisser au lecteur le temps de s'attacher à ce vieillard mourant, à ce greffier triste, à cette femme coincée dans une sortie de secours ou à ces bénévoles éplorées.

Forcément inégales, les chutes ne sont pas toutes convaincantes, mais la majorité d'entre elles forcent le sourire ou, mieux encore, suscitent un malaise devant ces traces de vie.

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Échardes. Hans-Jürgen Greif. L'instant même. 261 pages.