L'historien Michel Winock, Prix Médicis pour Le siècle des intellectuels, s'est donné un défi intéressant en écrivant cette chronique dont le but est d'offrir au lecteur un certain parfum de la Belle Époque telle qu'on la vivait avant l'effroyable gouffre de la Première Guerre mondiale. Il s'agit de découvrir ce qui animait la société juste avant, sans tenir compte de la suite.

Ainsi, dans le chapitre sur Apollinaire, on peut lire: «Les toiles de Picasso ou de Braque, les Préludes de Claude Debussy, le théâtre d'Henry Bernstein ou Les copains de Jules Romains, une immense production littéraire et artistique échappe à la hantise de la guerre.»

On vit, on crée, on s'engueule, on s'engage, cela sans se douter (sauf pour quelques visionnaires) de l'horreur qui s'en vient.

De courtes monographies sur Barrès, Stravinski, Arsène Lupin, Roland Garros, Léon Bloy, Fantômas, Gide ou le rugby mènent jusqu'à l'assassinat de Jaurès et donnent un aperçu de l'esprit de Paris en 1913-1914, «capitale mondiale de l'art vivant» dans laquelle «un souffle de liberté et d'anticonformisme s'est étendu à toutes les formes d'expression».

Ce qui sera brutalement interrompu par la folie guerrière...

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Les derniers feux de la Belle Époque, Michel Winock, Seuil, 186 pages.