Elle se déroule bien, la grossesse de «petite poule» - ainsi se surnomme, avec autodérision, la narratrice d'Eux. Pas de supervision médicale nécessaire. Mais la jeune femme est, contre son gré, sous supervision familiale.

Le poids des ancêtres pèse sur son ventre/nid. Les «héréditaires», comme elle dit, «avec leurs petits conseils et leur dégueulis d'astuces».

Ce court roman mérite en fait d'être lu lentement afin d'en saisir la pleine saveur, parfois placée entre les lignes. Celles qui sont mères se souviendront alors.

Les rapports avec la famille, soudain différents. Rien de draconien en apparence. Sauf qu'entre ce qu'ils disent et ce que les «petites poules» croient entendre et comprendre, il n'y a qu'un pas que Claire Castillon n'hésite pas à franchir.

Sa narratrice entend des voix, la voix de ceux qui attendent et ont des attentes. Et le «gars», le futur père - un alpiniste - étant déjà très absent, c'est surtout sur la relation mère/fille-future mère qu'Eux se fait les griffes. De façon très «castillonesque».

Et si la nouvelle demeure la force de Claire Castillon, Eux mérite qu'on ne s'arrête pas après les premières pages. Cette grossesse nerveuse n'est pas stérile.

* * * 1/2

Eux. Claire Castillon. L'Olivier. 160 pages.