Jacques Godbout, écrivain et éditeur, n'écrira pas ses mémoires. À 80 ans, l'auteur de Salut Galarneau! a plutôt choisi de faire un tour de son vaste jardin dans le cadre d'«entretiens» avec le sociologue Mathieu Bock-Côté, tête pensante et parlante du nouveau nationalisme conservateur.

Si, pour M. Godbout, le roman québécois n'est souvent qu'une «variation sur le tricoté serré», on peut dire alors que le présent ouvrage se lit, et fort bien, comme un roman.

Les plus belles pages portent sur le Québec, «pays supplicié et sulpicien» où le jeune homme, en provenance de «Lutèce», est revenu à l'aube de la Révolution tranquille. Et avec le statut d'écrivain auquel s'ajoutera celui de cinéaste de l'ONF, doublement suspect pour l'autorité cléricale.

Depuis, Jacques Godbout n'a eu de cesse de «semer le doute», rue Saint-Denis et autour, plus au-dessus de la mêlée que hautain. À M. B.-C., son jeune émule, «intellectuel d'exception», enclin à la surchauffe: «Vous ignorez le silence et la solitude.» L'individu québécois? Il «peut se réaliser dans le cadre fédéral». Le printemps érable? «Un carré rouge à la place du cerveau.»

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Le tour du jardin, Jacques Godbout, Boréal, 238 pages.