Le thème «rencontre improbable entre deux êtres que tout sépare, mais qui finissent par se faire du bien» n'est pas nouveau. Tout est dans la manière et le ton, et cette jeune auteure nippo-autrichienne a trouvé le sien avec une aisance aérienne.

Un lien particulier se tisse sur un banc de parc entre Tetsu, le Cravate du titre, salaryman qui a perdu son emploi, mais qui fait semblant tous les jours d'aller travailler, et Hiro, qui s'est complètement coupé du monde - au Japon, on appelle hikikimori ces jeunes hommes qui vivent enfermés dans leur chambre sans aucun contact extérieur, même avec leur famille.

Ils vont s'apprivoiser, se raconter leur vie par petites touches, jusqu'à s'avouer le «péché originel», la honte qui a miné leur vie.

Hiro est le narrateur lucide et touchant de cette histoire qui va au coeur même de ces deux humains brisés, espèces de parias qui grâce à l'autre vont accepter de se donner une deuxième chance.

Le cheminement du jeune homme au mal-être palpable et le désarroi de Cravate sont réalistes sans jamais être mélos, et ce premier roman est tout aussi subtil que prenant.

* * * 1/2

Je l'appelais Cravate. Milena Michiko Flasar. Traduit de l'allemand par Olivier Mannoni. XYZ, 165 pages.