Une Suédoise propriétaire du plus gros bordel de la capitale de la colonie portugaise qui allait devenir le Mozambique, est-ce possible? Sur la foi de registres fiscaux, l'auteur affirme en postface que oui.

C'est à partir de cette information inusitée qu'il a inventé le destin insolite de Hanna Renström, jeune et pauvre orpheline de 18 ans qui s'embarque en tant que cuisinière à bord d'un cargo chargé de bois, à destination de l'Australie.

Des événements la pousseront à débarquer sur la côte africaine où elle séjournera quelques années, le temps de s'enrichir en devenant maquerelle par un curieux concours de circonstances.

Rondement menée, l'intrigue est surtout prétexte à illustrer les nombreux ressorts du racisme et l'impossibilité de nouer des liens interraciaux dans une société coloniale où la haine et la peur sont les moteurs des relations sociales.

Mankell met aussi en lumière les rouages du mensonge qui en découlent. Surtout, il met en lumière le rejet subit par les rares Blancs qui ont tenté de rompre avec cette logique implacable en tendant des ponts.

En prime, ils ont droit à l'incompréhension des Noirs. Bref, un tableau triste du colonialisme à travers les yeux d'une jeune femme qui en devient fortuitement l'instrument.

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Un paradis trompeur, Henning Mankell, Seuil, 374 pages.