Deuxième livre d'un auteur qui est également intervenant social et chanteur, cet improbable mélange de roman d'amour et d'anticipation place cette qualité rare qu'est l'empathie au coeur de son histoire.

Il met en scène un couple formé du narrateur «tailleur de peaux» et de son amoureuse Carole, qui accueille chez lui les éclopés et remplit ainsi des «seaux de larmes».

La Dépression règne dans cette ville générique hantée par les «enfants de gouttière», où on décapite littéralement les gens lorsque vient le temps de faire des coupes dans les programmes sociaux et où des «affamés» mangent leur prochain dans la rue.

Dans cette ambiance de fin du monde qui rappelle parfois La route de Cormac McCarthy, cet homme et cette femme tentent de donner la vie et d'insuffler autour d'eux chaleur et douceur. Mais le pari de l'empathie est difficile à tenir...

Avec un sens de l'image très développé, Richard Dallaire réussit à nous faire croire à ce monde qui nous ressemble presque. Mais c'est justement la surabondance d'images poétiques, de métaphores et d'allégories qui finit par être lourde à porter pour le lecteur, beaucoup plus que la noirceur du propos, auquel l'auteur donne toujours un peu de lumière.

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Les peaux cassées. Richard Dallaire. Alto. 176 pages.