Dieu sait qu'on admire Laure Adler: l'historienne devenue auteure et journaliste a publié des livres phares (sur les femmes journalistes, les maisons closes, le port du voile, l'érudition au féminin), des biographies devenues références (sur Marguerite Duras, Hannah Arendt, etc.) et même deux récits autobiographiques plus qu'honnêtes. Hélas, trois fois hélas, son plongeon dans la fiction «pure» donne un premier roman décevant, navrant même.

Dans Immortelles, la narratrice relate la vie de trois de ses amies, qui ont en commun d'avoir des parents absents, littéralement (les pères) ou psychologiquement (les mères). Mais re-hélas, impossible de s'attacher à Judith, Suzanne et Florence et impossible de comprendre pourquoi la narratrice est hantée par leur souvenir au point de se couper du monde. Et même quand il est question, entre autres, de l'importance d'Avignon dans l'univers du théâtre, ou d'avortement, de Béjart, de dépendance, d'antipsychiatrie, de tango; oui, même quand la narratrice en profite pour décrire l'arrivée, dans le paysage français, d'éminences intellectuelles (Félix Guattari, Jean Oury, Julia Kristeva, Jacques Lacan), tout cela sonne creux, vide, vain, désincarné. Allez, disons-le net, «frette», sec : ces Immortelles sont d'un ennui mortel.

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Immortelles, Laure adler, Grasset, 368 pages.