Maxime-Olivier Moutier l'a dit en entrevue: il aime les gens qui «parlent vrai». Et il n'y a rien de mieux que son métier de psychanalyste pour avoir accès à cette vérité.

Cela explique le ton très juste de ce monologue imprévu qu'il publie - alors que nous attendions le deuxième tome de La gestion des produits.

Moutier donne la parole à Rita, une femme proche de la cinquantaine que la vie n'a pas épargnée, et qui vient de quitter un homme toxique qu'elle persiste à aimer. Elle a un diagnostic de «psycho-maniaco». «Mais chus pas rien que ça!», tonne-t-elle, avec raison.

Moutier sait montrer ce qu'il faut de force au quotidien pour lutter contre l'anéantissement devant la froide machine du système médical ou social, pour survivre malgré la pauvreté, la détresse et la solitude.

Le psychanalyste et l'écrivain se confondent dans la maîtrise d'un langage populaire plein de maladresses révélatrices et bouleversantes. Quand Rita dit que «les tortues non plus a peuvent pas changer de coquille si a manquent d'amour», c'est d'elle-même et de tout le monde à la fois qu'il est question.

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Rita tout court. Maxime-Olivier Moutier. Marchand de Feuilles, 97 pages.