Solomon Kugel est obsédé par la mort. On peut comprendre quand on «rencontre» sa mère: bien que née en 1945 à Brooklyn, elle est persuadée être une survivante de la Shoah. D'ailleurs, à son fils encore enfant, elle montrera un abat-jour et dira: «C'est ton grand-père.» C'est faux, mais...

Bref, Solomon a été d'une certaine manière préparé lorsqu'il va faire face aux deux, l'Holocauste et la mort. Dans le grenier de sa nouvelle maison, il découvre une vieille femme acariâtre et puante qui affirme être... Anne Frank.

La fillette aurait survécu aux camps et depuis soixante ans, elle squatte des greniers de la Nouvelle-Angleterre et écrit une suite à son Journal.

Elle à qui l'éditeur du célèbre best-seller a autrefois affirmé: «Les gens voulaient une martyre. Restez morte.»

C'est sur cette note que se déploie L'espoir, cette tragédie de Shalom Auslander, un roman corrosif, hilarant, dont certains aspects «blasphématoires» ont fait grincer quelques dents lors de sa publication aux États-Unis.

C'est que Shalom Auslander ne doit pas être pris au sérieux. Et lu ainsi, ce livre plein d'autodérision signé par le pur produit d'une famille juive orthodoxe de Brooklyn est absolument jubilatoire.

* * * *

L'espoir, cette tragédie. Shalom Auslander. Belfond, 326 pages.