De tous les auteurs de polars suédois contemporains, Rosslund et Hellström sont les seuls à pratiquer vraiment le réalisme social hérité du couple Sjöwall et Walhöö.

Dans La fille des souterrains, ils jettent un éclairage cru sur les laissés-pour-compte de la société (dont certains vivent terrés dans les souterrains et les tunnels sous la ville de Stockholm) et dénoncent avec virulence le sort de centaines d'enfants roumains que l'on abandonne sans remords dans les grandes villes, comme s'il s'agissait de déchets.

Le récit est double: le commissaire Grens enquête sur la mort d'une femme tuée à coups de couteau, et Mariana Hermanson s'intéresse au sort de 43 enfants abandonnés dans le centre-ville.

Son enquête révèle que des événements semblables ont déjà eu lieu à Rome, Francfort, Copenhague et Oslo. Moyennant finances, des organisations mafieuses se débarrassent des enfants de la rue venus des pays de l'Est.

Moins prenant que L'honneur d'Edward Finnigan, qui reste leur meilleur titre, le roman a une intrigue alambiquée qui abuse de la chronologie éclatée, au détriment de l'attention du lecteur, un peu perdu parfois.

Par ailleurs, les problèmes personnels du commissaire Grens finissent par agacer tant le personnage paraît caricatural. En voilà un qui est mûr pour la retraite... ou pour l'asile!

Malgré ces irritants, le livre se lit avec un intérêt certain et réserve quelques bonnes surprises, notamment quand les policiers tentent de retrouver cette mystérieuse fille qui donne son titre au roman.

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* * * 1/2

La fille des souterrains, Roslund et Hellström, Presses de la Cité, 334 pages.