Le sujet aurait pu être lourd, et le livre, laborieux. Mais c'est un très agréable premier roman construit autour d'une question: que se serait-il passé si l'architecte chargé de construire l'édifice commémoratif du 11-Septembre, sur les ruines des tours jumelles, avait été un homme au nom «musulman» et donc soupçonné de cautionner les attentats?

Amy Waldman, ancienne journaliste du New York Times, connaît bien la sensibilité des New-Yorkais: elle a elle-même couvert cette journée noire, et c'est sans doute ce qui insuffle beaucoup de réalisme à son récit.

Elle explore l'âme d'une veuve murée dans sa souffrance; du frère d'un pompier qui cherche la réhabilitation; d'un enfant d'immigré qui s'est toujours cru laïque et américain, jusqu'à ce qu'on lui renvoie une autre image de lui; de la journaliste au populisme sans scrupules; de la femme sans papiers, qui rêve pour son fils d'une vie meilleure.

Salué comme un Bûcher des vanités d'aujourd'hui, le roman échappe aux caricatures et pose des questions sur le deuil, mais aussi les identités individuelles et collectives. Un roman juste et fort, mais qui ne boude pas l'humour ni la satire.

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Un concours de circonstances. Amy Waldman. Éditions de l'Olivier. 401 pages.