Même si le titre annonce la chute, on ne peut s'empêcher de tourner les pages en espérant un revirement de situation. On tremble pour Norma et Sonia, on craint pour Naadir. Réussiront-ils à survivre dans ce «glissement de civilisation»?

Cruauté des cartels, corruption des hommes politiques et désordre dans les cités font redouter le pire. Ce roman polyphonique en trois lieux, habilement construit, s'intéresse à la globalisation du marché de la drogue.

Des paysans colombiens jusqu'aux jeunes revendeurs d'une cité de France, en passant par la plaque tournante du Mexique, «le flot faisait sauter toutes les normes, toutes les morales, on ne parvenait plus à distinguer le légal du criminel». La violence est partout.

«C'était ça, le désordre. Le danger permanent, le meurtre, la peur, l'exil, la misère. Un cortège de malheur.» Pour sa part, le sénateur Urribal est hanté par cette question: «Le monstre sait-il qu'il est un monstre?»

L'auteur a une vision bien noire de la société. Mais son roman est bien documenté et solidement ancré dans des événements de l'actualité. L'écriture est précise et tendue. N'y a-t-il donc aucun moyen d'éviter cette chute? C'est un roman qui nous fait réfléchir.

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Avant la chute. Fabrice Humbert. Le Passage, 277 pages.