Un cellulaire oublié, un texto égaré, et l'affaire sort du sac: la perfide Charlotte, amante du narrateur dans cette courte exploration de l'adultère, a trompé son homme.

Elle ne se donne pas le mal de se défendre: Je l'ai fait par mégarde, dit-elle. Quand le cocu découvre son journal intime mal caché sous le matelas, il comprend qu'elle a fait de la coucherie un programme général: elle a fait le tour du monde en quatre-vingts lits.

Le ton est celui du pathos, ou du ridicule, c'est selon les goûts. Ma maîtresse a un amant, se lamente-t-il. On peut avoir cinquante ans comme ce narrateur sans nom et souffrir de jalousie carabinée: sa Charlotte pue l'adultère, son corps traîne une odeur d'ordures ménagères, bien qu'il continue à coucher avec elle.

Ce récit raconte les bas-fonds émotifs: jusqu'où peut-on descendre dans la détresse? Souffrant de narcissisme aigu, le narrateur ne semble pas avoir d'amis, ni de métier, ni de vie de famille, ni d'activité à part l'enquête sur la tromperie de sa maîtresse.

Mais le temps arrange tout, et petit à petit, le narrateur se détache de sa blessure. Il rencontre une fille dans une galerie d'art qui s'appelle - oui, Charlotte. On lui souhaite meilleure chance avec la nouvelle version.

Mufle

Eric Neuhoff

Albin Michel, 114 pages

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