Avec ce nouvel essai, Pascal Bruckner s'aventure loin de ses amours. Hélas.

Le point de départ du livre, pourtant, est fort pertinent: le cataclysme, souligne l'essayiste français, fait partie du «kit de base de la critique verte», si bien que la montée en puissance des écolos s'est accompagnée d'un malheureux catastrophisme, d'exagérations en série, d'une culpabilisation à outrance. Vrai. La chute est tout aussi pertinente: l'écologie de l'accusation, conclut Bruckner, doit laisser place à l'écologie de l'admiration. Vrai encore. Mais entre les deux, Pascal Bruckner ne réussit jamais à décoller, se limitant à une critique unidimensionnelle du phénomène, multipliant les chapitres et les expressions pour dire, en 275 pages, une seule et même chose: il y a trop de catastrophisme. Oui, mais encore? Jamais l'auteur ne met le phénomène en perspective. Jamais ne tente-t-il de comprendre comment une telle dérive s'est produite. Jamais ne traite-t-il des dérives des climato-sceptiques, ni de la polarisation qui a poussé les deux camps dans leurs derniers retranchements. Or pour comprendre les exagérations des uns, il faut évoquer la manipulation des autres. S'en tenir au premier en passant sous silence le deuxième revient à tomber dans les travers dénoncés.

Le fanatisme de l'Apocalypse, de Pascal Bruckner. Grasset, 275 pages