Tout commence par un «atelier Shoah». Parce qu'il faut parler des traumatismes, c'est le devoir de la grand-mère du narrateur, âgé de 13 ans, de raconter son expérience de rescapée. Mais qu'elle ne parle surtout pas de miracle, car le grand-père paternel pourrait s'énerver: les miracles n'existent pas, ce qui arrive correspond aux probabilités scientifiques. Bienvenue dans une famille juive israélienne où tout le monde parle à tort et à travers et où la chamaillerie constitue un mode de vie.

L'un des sujets de discussion: le poids du père, persuadé qu'il est gros. Commence alors toute une série de régimes à thème, le dernier à base d'olives. Quelques jours après qu'un noyau fut resté coincé dans sa gorge, un olivier commence à sortir de l'oreille paternelle. Le père est peu à peu obligé «de se tenir très incliné vers la gauche, malgré son penchant naturel pour la droite».

C'est que cette fable à digressions, pleine d'ironie, est prétexte à d'acides commentaires sur le conflit israélo-palestinien. Israël? «Un camp de concentration de taille moyenne, bordé d'un côté par un mur géant.» La solution? «Apprendre à vivre avec l'arbre», affirme un vieil arabe, car il est «impensable de rêver, ne serait-ce qu'un instant, à une séparation sans risquer de déchiqueter les deux parties».

L'olivier devient une affaire d'État, jusqu'à ce que, comme le cas d'Ariel Sharon, lorsqu'il fut déclaré «sérieux, mais stable», il n'intéresse plus personne. Une façon d'achever en queue de poisson un récit absurde, faussement naïf et très drôle.