L'idée de la mort, la sienne et celle des autres: comment peut-on vivre avec «ça» ? Et comment fait-on son deuil dans une société sans rituels et sans repères?

C'est ce qu'explore Michel Rostain dans Le fils, très sensible récit écrit après la mort de son fils de 21 ans.

Ce metteur en scène d'opéras a remporté en février le Goncourt du premier roman pour ce livre touchant, parfois mélo - le sujet s'y prête - mais toujours juste et réaliste. L'émotion à fleur de peau, Michel Rostain relate les derniers jours de Lion, mort en 2003, tué en moins de 24 heures par une méningite foudroyante, mais aussi le deuil qui a suivi, les moments de déni et de désespoir tout comme ceux de solidarité et d'humanité.

Un livre sincère, traversé par l'amour, dont il faut d'abord accepter la convention: c'est le fils lui-même qui raconte sa mort et la peine infinie de ses parents. Ce qui donne des phrases du genre: «Le onzième jour après ma mort, papa est allé porter ma couette à la teinturerie.»

Mais une fois cela digéré, on comprend que Michel Rostain ne pouvait faire autrement que de prendre du recul face au drame, et que le choix du narrateur - son propre fils, avec lequel il dialogue par-delà la mort- lui permet d'en dévoiler davantage que dans un récit raconté à la première personne.

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Le fils. Michel Rostain. Oh! éditions.