Ce n'est pas la première fois qu'on note des points communs entre le Sud-Africain Coetzee et l'Américain Philip Roth.

Dans L'été de la vie, c'est un parallèle avec Exit le fantôme qui s'établit d'emblée, avec ces préoccupations des deux écrivains vieillissants de la trace qu'ils laisseront.

Peut-on expliquer l'oeuvre d'un écrivain au regard de ce que fut sa vie? Et a-t-on le droit d'aller fouiller ses secrets les plus intimes?

Brouillant les pistes, comme Roth, entre fiction et réalité, Coetzee se met en scène dans une autobiographie fictive, où il apparaît à travers le regard de personnes qui l'ont connu.

En creux - car ce récit fragmenté n'est composé que de trous, d'absences, de tentatives forcément vouées à l'échec de comprendre un homme de l'extérieur - se dessine à chaque témoignage le portrait d'un Coetzee fade, sans charisme, amant moyen visiblement incapable d'exprimer ou de sentir.

La souffrance rentrée du personnage, pathétique et tragique, dissimule une sensibilité que l'écrivain réussit à exprimer tandis que l'homme passe à côté de sa vie, faite de fiascos sentimentaux et professionnels.

L'honnêteté sans fard fait la force du récit, où l'on comprend qu'il y aurait davantage à apprendre de ce qui n'est pas dit, des secrets que l'écrivain emporte dans la mort et qu'on ne connaîtra jamais. Sauf que Coetzee, en écrivant ce livre, nous les dévoile en partie, mais sans qu'on puisse trancher: est-ce ainsi que fut sa vie ou est-ce encore un degré de fiction supplémentaire?

_________________________________________________________________________

* * *

L'été de la vie. J.M. Coetzee. Seuil, 315 pages.