Le deuil, l'abandon, la quête d'un sens à sa vie: depuis près de 10 ans, l'oeuvre du romancier Olivier Adam est traversée par ces thèmes puissants et universels. Le coeur régulier n'y échappe pas et raconte l'histoire d'une femme qui, sans le savoir, part à la recherche d'elle-même. L'auteur français en profite aussi pour écorcher la cruauté du monde du travail et des codes de notre époque.

Sarah a presque 40 ans, un mari plus-que-parfait, deux ados qui lui échappent, une maison à la déco aseptisée, un boulot qui la ronge et l'impression très nette de passer à côté de sa vie. Lorsque son frère Nathan meurt dans des circonstances qui ressemblent à un suicide, elle perd pied et sombre dans le désespoir.

Sarah décide alors de tout plaquer et de partir sur les traces de ce frère avec qui elle a déjà tout partagé. Fantasque, insaisissable et incontrôlable, Nathan a toujours refusé de rentrer dans le rang du conformisme, des grandes écoles privées et du néolibéralisme- contrairement à Sarah, qui avait fini par céder.

C'est au Japon, là où son frère affirmait avoir trouvé un équilibre, que Sarah ira se ressourcer. Dans une station balnéaire désertée en bordure des falaises, elle rencontre Natsume, ex-policier qui se donne comme mission d'empêcher les gens de se suicider et auprès de qui Nathan s'était réfugié. Elle côtoie aussi d'autres désespérés qui, comme elle, marchent sur le fil qui sépare la vie et la mort, la volonté de continuer et celle d'en finir.

Depuis la publication de son premier roman Je vais bien, ne t'en fais pas, en 2001, Oliver Adam s'intéresse à ces fissures, ces moments où tout bascule dans une cellule familiale qui semble bien huilée. D'une écriture sans artifice, il va jusqu'au fond de l'âme de ses personnages et les fait avancer parfois vers l'ombre, parfois vers la lumière. C'est le cas avec Le coeur régulier: au gré des marées, Sarah remontera vers la vie à mesure qu'elle découvrira la face cachée de son frère et revivra sa propre histoire. En résulte une fin émouvante, où la mère de famille trouvera une certaine forme de paix.

«Il n'y a pas de sens, il y a juste la vie, et il faut la vivre, dira Natsume. Comme une plante vit. Comme un animal vit. Inspirer, expirer. C'est tout.»

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Le coeur régulier. Olivier Adam. Éditions de L'Olivier, 232 pages

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