Les bulles ont encore pétillé en 2011 avec une production de 5327 albums de bande dessinée, en hausse pour la 16e année consécutive, mais seules 1577 véritables créations ont vu le jour en Europe francophone dans un marché dominé par quatre groupes et quelques séries phares.

En augmentation de 3,04% par rapport à 2010, soit 162 titres de plus, cette hausse des BD diffusées dans les librairies francophones et via internet prouve «une fois de plus l'incroyable foisonnement» du secteur, souligne Gilles Ratier, secrétaire général de l'ACBD (Association des critiques et journalistes de bande dessinée), auteur de ce rapport annuel.

La BD ne représente néanmoins que 8,32% de la production éditoriale française (7,91% en 2010).

Le secteur, relève Gilles Ratier, pâtit à la fois de la crise et du «manque, depuis trois ans, de locomotives exceptionnelles», d'où un climat général de vigilance et «la mise en avant des valeurs sûres».

Les séries se taillent toujours la part du lion avec 1.319 nouveaux albums hors mangas et comics (contre 1.303 en 2010), soit 65,36% des créations ou traductions.

Et le marché tourne essentiellement autour de quelques séries vedettes ou auteurs bien installés. Cette année, 99 valeurs sûres ont été tirées à plus de 50 000 exemplaires, dont 82 venues du domaine franco-belge.

Plus gros tirages: XIII d'Yves Sente et Iouri Jigounov, d'après Jean Van Hamme et William Vance (500 000 exemplaires), suivi de Kid Paddle de Midam (360 000), Boule et Bill de Laurent Verron, d'après Jean Roba (253 000), Thorgal d'Yves Sente et Grzegorz Rosinski, d'après Van Hamme et Rosinski (220 000), Les Aventures de Kid Lucky d'Achdé, d'après Morris (220 000) ou encore XIII Mystery d'Alcante et François Boucq (200 000).

3 créations pour 10 parutions

Les rééditions et éditions revues ou augmentées dominent aussi, avec 1.058 titres (19,86% des BD de l'année), contre 980 (18,97%) en 2010.

Les «artbooks», avec 339 recueils d'illustrations réalisées par des auteurs de BD (6,36% de la production) progressent aussi (297 en 2010).

Les strictes nouveautés ne sont finalement que 3.841 en 2011 (72,11% du total).

Et encore, 221 de ces titres sont des reprises datant de plus de vingt ans qui n'avaient pas encore été compilées. Si l'on déduit encore les 2043 nouvelles traductions d'oeuvres parues dans l'année, seules 1577 véritables créations ont vu le jour en Europe francophone cette année (29,6% de la production globale d'albums), 38 de plus qu'en 2010.

Par ailleurs, ces nouveaux albums concernent toujours les quatre mêmes genres : les BD franco-belges, les séries «asiatiques», dont la production se stabilise, les BD américaines et enfin les romans graphiques et autres livres expérimentaux dont le nombre diminue légèrement.

2011 a aussi été marquée par l'acquisition d'une part majoritaire des éditions Soleil par Guy Delcourt, qui devient en chiffre d'affaires le 2e plus important groupe éditorial et le premier indépendant.

Delcourt redevient aussi le plus gros producteur d'albums avec 840 titres, soit 15,77% de la production de l'année.

Médias-Participations est toujours le plus important groupe sur le plan économique, mais il n'est plus que le deuxième pour le nombre de titres.

Glénat arrive en 3e position avec 469 titres publiés par le groupe. Flammarion conforte sa 4e place en ce qui concerne le chiffre d'affaires. Loin derrière, viennent les filiales BD de Hachette Livre. Hachette détient désormais l'ensemble des droits éditoriaux d'Astérix.

Les chiffres d'affaires des groupes ne sont pas communiqués, les ventes du dernier trimestre demeurant déterminantes.