Trois ans après la publication de Fascination (Twilight) et une semaine avant la sortie de l'adaptation cinématographique du roman, nous arrive, aujourd'hui, Révélation, la conclusion de la tétralogie romantico-vampirique de Stephenie Meyer. Entrevue exclusive au Canada avec la romancière.

Il y a, dans une scène du film Twilight de Catherine Hardwicke, qui prend l'affiche le 21 novembre, un très beau moment. Edward se penche sur la gorge offerte de Bella. Le vampire. L'adolescente. Il ne plante pas ses dents dans la chair pâle ni dans la veine qui palpite. Il hume le parfum de l'aimée. S'en imprègne jusqu'à l'âme qu'il ne possède peut-être plus.

 

Cette sensualité coule dans les pages de la tétralogie de Stephenie Meyer, dont le dernier tome - Révélation, qui suit Fascination, Tentation et Hésitation (Hachette) - nous arrive aujourd'hui. Point final, donc - «Mais il ne faut jamais dire jamais», précise la romancière, rencontrée à Los Angeles - d'une série qui est devenue un véritable phénomène auprès des adolescentes: depuis 2005, 18 millions d'exemplaires des livres de la série ont été vendus dans le monde. Au Québec, plus de 80 000 exemplaires de Fascination ont trouvé preneur.

«Fascinant», dirait M. Spock si nous étions dans Star Trek. Mais nous sommes dans un autre genre que la science-fiction. Le fantastique. Avec une bonne couche de romantisme.

Sans révéler de punchs - les twilighters peuvent être féroces - la saga s'attache aux pas de Bella, adolescente de 17 ans qui arrive dans la bourgade pluvieuse de Forks, où son destin croise celui de la famille Cullen, en particulier celui d'Edward. Garçon d'une beauté irréelle. Et d'une pâleur... immortelle. Pour cause: sa famille et lui sont des vampires. Des vampires «civilisés», qui se nourrissent de sang animal mais ne sont pas moins tentés par celui des humains.

C'est le début d'une histoire d'attraction, d'une valse hésitation aussi, Bella étant portée vers Edward mais, également, liée à Jacob, un autre «garçon» particulier. Révélation... révèle ses choix. «La couverture du roman illustre tout le parcours de Bella», indiquait Stephenie Meyer en entrevue exclusive à La Presse. Sur un échiquier, un pion rouge en arrière-plan, une dame blanche au premier. Bella, au départ la plus faible des pièces. À la fin, la plus puissante.

Ce récit est né le 2 juin 2003. «Pendant la nuit, j'avais eu ce rêve étrange. Étrange parce qu'il mettait en scène un vampire... moi qui ne connaissait rien à ces créatures. Il y avait ce garçon, d'une beauté hallucinante, et cette adolescente. Ils étaient amoureux.» L'impact a été si fort sur cette femme au foyer de l'Oregon, mère de trois garçons d'âge préscolaire et très pratiquante - elle est mormone - qu'elle a voulu connaître la suite. Un premier roman a ainsi été écrit. Le reste est histoire.

On a vanté, avec raison, la sensualité de l'écriture de Stephenie Meyer. Il y a plus d'électricité dans l'air quand Edward caresse la joue de Bella que lorsque Harry Potter embrasse Cho.

Ode à la chasteté?

Incroyablement romantique, oui. Et, aux yeux de certains, une manière de prêche en faveur de l'abstinence, les deux jeunes gens vivant un amour passionné mais chaste. D'autant plus que la romancière ne cache pas l'importance de la foi dans sa vie et l'inspiration qu'elle y puise.

«Vous savez, je ne compte plus le nombre de «messages» que les gens voient dans mes livres, fait-elle en souriant. La seule chose que j'ai, moi, voulu faire, c'est divertir. Le fait qu'il y ait une telle... lenteur dans la progression de la relation physique entre Edward et Bella est dû à une certaine «incompatibilité» - il est un prédateur, elle est une proie. Et puis, il ne faut pas l'oublier: s'il a l'apparence d'un garçon de 17 ans, Edward est un gentleman des années 1900. Il a grandi dans une culture et une morale qui ne sont pas celles de Bella. Pour moi, c'est un conflit intéressant et ça n'a rien à voir avec mes sensibilités religieuses.»

Tout comme, assure-t-elle, la décision que prend Bella dans Révélation - dont il est impossible de dire quoi que ce soit sous peine de commettre un crime de lèse-twilighter. Disons simplement que la vie de la jeune femme sera menacée et que, malgré les conseils de son entourage, elle fera fi de ce nouveau danger. «Mais là encore, c'est fidèle à son caractère depuis le début de la série», souligne Stephenie Meyer.

En effet, se placer sous les pattes d'un vampire n'est pas la chose la plus sécuritaire à faire. Bella le fait quand même. Parce que, sous ses dehors faibles, elle n'est pas un pion. C'est une reine. Et, en ce sens, Stephenie Meyer l'a bien servie.

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Révélation, le quatrième tome de la tétralogie de Stephenie Meyer, en magasin aujourd'hui. Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Les Films Séville (Summit Entertainment)