Coups de coeur et coups de gueule d'écrivains d'ici et d'ailleurs.

COMMENT CHOISISSEZ-VOUS UN LIVRE ?

« J'aime qu'on me propose un univers singulier. Habituellement, je retrouve cette singularité dans la plume, plus que dans l'histoire. Dans la façon de s'approprier la langue ou la pensée, de la savourer. Cette signature-là se saisit souvent en feuilletant quelques pages seulement. Alors on sait qu'on va plonger. »

QUEL LIVRE OFFRIR À UN OU UNE JEUNE DE 20 ANS ?

« L'entraide, un facteur de l'évolution de Pierre Kropotkine. Penseur russe (1842-1921), il y propose une conception du progrès dans la nature et la société fondée sur l'entraide et la sociabilité. Kropotkine y corrige Charles Darwin qui soutient que "la lutte pour l'existence"  et la "sélection naturelle" seraient les moteurs de l'évolution. Selon Kropotkine, géographe et naturaliste : la vie est bien mieux que le carnage perpétuel dont vous parlez, et ce n'est que dans vos fabulations que l'homme est un loup pour l'homme ! Le principe qu'il faut appliquer à l'humanité tient en un mot, et ce n'est pas la sélection naturelle de Darwin :  c'est l'entraide. »

UN LIVRE D'AUTEUR ÉTRANGER  À DÉCOUVRIR SELON VOUS ?

« Chien blanc, de Romain Gary. Un de ses romans les moins connus, mais de loin le meilleur, selon moi. Dans cette oeuvre biographique, l'auteur raconte avec acuité l'Amérique et ses bouleversements : alors que le pays explose sous les tensions raciales après l'assassinat de Martin Luther King, l'écrivain, humaniste et amoureux des animaux et sa femme, la star Jean Seberg, militante pour les droits civiques, accueillent chez eux un chien abandonné, dressé pour sauter à la gueule des Noirs : un chien blanc. Chien blanc aborde un chapitre d'une grande histoire d'amour, celle de Gary et Seberg. Avec pour ancrages l'épineuse question noire aux États-Unis, l'invasif star-système américain, l'oppression de l'homme par l'homme, le pouvoir des uns et les espoirs des autres. »

QUELS SONT LES TROIS LIVRES QUE VOUS SAUVERIEZ D'UN INCENDIE À LA MAISON ?

« Depuis que mes enfants sont nés, j'écris dans trois cahiers leurs petits et grands exploits, leurs petites et grandes détresses. Comme des empreintes volubiles et fragiles du temps qui passe. Ce sont ces trois livres, dont je souhaite poursuivre l'écriture encore longtemps, que je sauverais de l'incendie. »

LE LIVRE QUE VOUS REGRETTEZ D'AVOIR LU ?

« Aucun. »