C'est une Michelle Corbeil heureuse que nous avons eue au bout du fil hier, pour nous parler du bilan du 18e Festival international de la littérature (FIL) qui vient de se terminer. Un grand contraste avec l'an dernier, quand la directrice artistique avait appris qu'on lui coupait d'importantes subventions. «À la même date l'an passé, je ne savais pas comment j'allais y arriver, vraiment. Mais j'ai réussi à remonter la pente.»

Et cela, avec beaucoup de travail: Michelle Corbeil a réduit son salaire, organisé une campagne de financement, une soirée-bénéfice, trouvé de nouveaux partenaires (comme Renaud-Bray, le Quartier des spectacles et ARTV), et cela, sans faire de concessions sur la qualité artistique. Au bout du compte, le résultat est très positif: la fréquentation du FIL a augmenté de 30%, et la vente de billets pour les spectacles en salles affichait 73% (comparativement à 64% en 2011).

Ce qui rend Michelle Corbeil très fière est le beau mélange d'expérience et d'expérimentation, d'artistes établis et de jeunes débutants dans sa programmation de 2012. Les spectacles de Jean-Louis Trintignant, Nancy Huston ou le cabaret Des filles qui ont de la gueule ont été très populaires, de même que le «classique» du FIL, Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent. Le concert littéraire de Thomas Hellman risque fort de se transformer en tournée dans les maisons de la culture et l'événement «Claude Gauvreau» n'a pas attiré que les spécialistes du poète. Mais 2012 a aussi été l'occasion pour plusieurs jeunes artistes de tester de nouveaux concepts pour le FIL, qui a connu son premier volet «extérieur» avec les Chambres littéraires, faites en collaboration avec des étudiants de l'École de design de l'UQAM, le Projet© ou la Pause Lecture. Le résultat a suffisamment surpris Michelle Corbeil pour qu'elle puisse confirmer le retour d'un volet extérieur l'an prochain. «Il faut continuer à travailler autant avec des artistes et des écrivains reconnus que des jeunes qui débutent», dit-elle.

Bilan positif, qui ravit bien sûr la directrice artistique, qui demeure cependant prudente quant à l'avenir, compte tenu des problèmes de l'an dernier. «Le FIL est plus fragile qu'il l'était avant, c'est évident. Je ne revivrai pas cela deux fois, je dois trouver de nouveaux partenaires respectueux, qui nous font confiance sans nous demander de changer de vocation.»