Contrairement aux Harry Potter qui parlaient la langue - universelle - de l'enfance et de la magie, Une place à prendre (Grasset), le premier roman pour adultes de J.K. Rowling, ne plaira pas au plus grand nombre. Ce n'est pas un mauvais livre, mais s'il n'était pas signé Rowling, il serait passé inaperçu dans le raz-de-marée littéraire de la rentrée.

Ainsi, cette histoire de manigances au sein du conseil paroissial d'un village anglais, qui se veut probablement un portrait de politique et social, s'étale sur 680 pages à travers lesquelles évoluent une bonne vingtaine de personnages qui, à de rares exceptions sont, au pire, antipathiques; au mieux, du genre dont on se fiche.

Oui, il y a une tradition anglaise de ces chroniques où il se passe peu de choses, mais où l'écriture fait la différence et où les personnages touchent le lecteur et l'intriguent en se révélant ne pas être à l'arrivée ce qu'ils semblaient au départ.

Ce n'est pas le cas ici.

J.K. Rowling possède un imaginaire débordant dont elle a fait la preuve admirable dans les Harry Potter. Elle sait bâtir des intrigues solides et surprenantes, et créer un destin à ses personnages. Elle est une conteuse d'exception. Ce talent est malheureusement peu sollicité dans Une place à prendre, où le quotidien fait suite au quotidien, où les personnages sont ce qu'ils sont au moment de leur introduction, et le demeurent jusqu'à la dernière page. Enfin, à l'exception du mort.

Car le roman commence par un décès (et se termine par des funérailles, mais pas de la même personne...): Barry Fairbrother, notable de Pagford, succombe à un anévrisme. Sa place au conseil paroissial est vacante. Et, balance du pouvoir oblige, elle intéresse ceux des bourgeois «pagfordiens» qui veulent que Les Champs, la cité miteuse sise en bordure de leur idyllique village, soit annexée à la bourgade voisine.

Bonne traduction

À noter ici le bon travail du traducteur Pierre Demarty dans son adaptation à la française du langage grossier et vulgaire des habitants des Champs.

Après une entrée en matière prometteuse -les protagonistes sont présentés à travers leur réaction à la mort de Barry Fairbrother: on saisit vite et bien leur place dans l'histoire-, les uns et les autres agissent et interagissent à travers des scènes où l'humour frappe ici et là avec bonheur, mais où la tentative de satire n'est pas concluante. Et si le dernier acte, percutant et ficelé «à la Rowling», rachète bien des longueurs, encore faut-il s'y rendre.

Comme dans tout village qui se respecte, adultes et adolescents se croisent dans les rues de Pagford. Les seconds, plus «vivants» que les premiers sous la plume expérimentée de la romancière. Andrew le révolté, Krystal la dure, mais si tendre avec son petit frère, Fats le malin: les moments passés en leur compagnie, touchants ou drôles, vrais d'embarras ou de fanfaronnade, sont parmi les plus intéressants.

Sur leurs talons et ceux de leurs parents, on découvre ce qui se passe derrière les murs des maisons et les portes des institutions. Il sera ainsi question, parfois crûment, de violence conjugale, de sexualité adolescente, de consommation de drogues. Mais tout cela décolle rarement du cliché.

C'est à ne pas mettre entre les mains des plus jeunes admirateurs du sorcier à lunettes, même s'il y a peu de risques qu'ils se rendent jusqu'aux passages « compromettants », largués par des personnages qui ne les toucheront pas et une histoire hors de leur champ d'intérêt ou de