Pour sa 18e année, le Festival international de la littérature (FIL) présente une programmation très musicale, qui donne aussi une grande place à la dissidence. «Dix-huit ans, c'est un bel âge. L'âge de la rébellion», a d'ailleurs dit hier lors du dévoilement au Lion d'Or la directrice générale de l'événement, Michelle Corbeil.

Des hommages aux écrivains contestataires Paul Léautaud et Claude Gauveau donneront le ton, tout comme le spectacle du comédien français Jean-Louis Trintignant intitulé Trois poètes libertaires du XXe siècle: Vian, Pévert et Desnos, dont il récite les textes accompagné de deux musiciens. «Les libertaires sont des anarchistes, a expliqué le grand comédien dans une vidéo présentée hier. Ce qu'ils disent correspond à ce que j'aime et je pense. J'adore ces textes, et c'est probablement, de tous les spectacles que j'ai faits, celui que je préfère.»

L'autre spectacle international d'envergure à être présenté au FIL est Le mâle entendu, cabaret pendant lequel Nancy Huston, entourée de trois musiciens de jazz, s'interroge sur la condition masculine. L'auteure canadienne, qui a beaucoup exploré la féminitude, a créé ce spectacle à partir des propos des musiciens qui l'accompagnent. Cela nous mène naturellement à un autre spectacle basé sur l'identité, les Filles qui ont de la gueule, dirigé par Marie-Paule Grimaldi, qui réunit des créatrices qui savent manier les mots et la scène. Spoken word, slam et poésie seront au menu de cette soirée qui sera dédiée à la regrettée Ève Cournoyer, qui devait y participer.

Malavoy et Hellman

Deux auteurs-chanteurs et grands connaisseurs de littérature seront aussi sur les planches pour présenter leurs spectacles respectifs. Tristan Malavoy d'abord qui, dans la foulée de son disque Les éléments, chante de sa voix frêle sa poésie, accompagné de trois musiciens et de la chanteuse Amylie. Thomas Hellman, lui, est de retour avec le concert littéraire qu'il avait présenté l'hiver dernier, pour lequel il a mis en musique des textes d'auteurs qu'il admire, accompagné du contrebassiste Sage Reynolds. Cet événement débouchera aussi sur quelque chose de plus durable: en novembre, le chanteur d'origine franco-américaine sortira un disque fait uniquement de poèmes de Roland Giguère.

Volet théâtral

D'un côté plus théâtral, le spectacle Tu iras la chercher, mené par Sophie Cadieux, consiste en quatre lectures du même texte de Guillaume Corbeil faites par quatre comédiennes différentes. «Parce que chaque lecteur à sa propre interprétation d'un texte», estime la directrice du FIL.

Le FIL ne serait pas complet sans de grands événements collectifs. Pour la soirée d'ouverture, Les bruits du monde, organisé par la maison d'édition Mémoires d'encrier - qui fête ses 10 ans-, réunit des artistes d'origines diverses, de Dany Laferrière à Joséphine Bacon et Michel Vézina, pour un grand voyage où les mots des uns et des autres se mélangeront, et où «les frontières s'estomperont», affirme Michelle Corbeil. Quant à Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent, soirée littéraire déjantée menée par l'increvable Loui Mauffette depuis sept ans, une foule d'artistes se pressent encore pour y participer. Cette année, Clara Furey, Fanny Mallette et Julie Le Breton y seront, ainsi que par Yann Perreau, René Richard Cyr, Anne-Marie Cadieux... et des invités-surprises, bien sûr.

On a aussi pensé aux enfants puisqu'une adaptation de L'Amélanchier, de Jacques Ferron, sera présentée pour les 8 ans et plus. Gageons cependant que les parents y trouveront leur compte. Par ailleurs, rencontres quotidiennes, installations organisées par des étudiants en design de l'UQAM et événements ponctuels comme les «exercices d'admiration» animés par Claudia Larochelle complètent une programmation toujours aussi diversifiée.

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Du 21 au 29 septembre. Infos: www.festival-fil.qc.ca