L'écrivain hispano-péruvien Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature 2010, a dénoncé les «séquelles du colonialisme» européen des XIXe et XXe siècles, en présentant mercredi à Madrid son nouveau roman le jour de sa sortie dans le monde hispanique.

Le colonialisme européen de la fin du XIXe siècle et du début du XXe «a semé une destruction qui a laissé des séquelles dont les descendants des victimes n'ont jamais pu se remettre», a affirmé Mario Vargas Llosa au cours d'une conférence de presse.

Son nouveau roman, El sueno del Celta (Le rêve du Celte), raconte la vie du diplomate britannique Roger Casement (1864-1916) qui dénonça les atrocités commises dans le Congo belge de Léopold II ainsi que dans les régions amazoniennes d'Amérique latine, au Pérou notamment.

Le livre, depuis quelques semaines l'un des plus vendus sur internet en Espagne, est sorti mercredi dans 17 pays hispaniques et sera traduit dans au moins 20 langues.

«En grande partie, la tragédie qu'est le Congo aujourd'hui et la situation critique des petites communautés amazoniennes viennent de ces années atroces», pendant lesquelles «le monde moderne a profité avec tellement de succès pour son propre développement de la richesse du caoutchouc», a ajouté l'écrivain.

Mario Vargas Llosa, 74 ans, qui s'est vu décerner le Nobel de Littérature le 7 octobre, s'est dit soumis à une «pression» telle qu'il lui est «difficile de travailler» depuis lors. Il a souhaité «garder le secret» sur le discours qu'il prononcera le 10 décembre à Stockholm à la cérémonie de remise du prix.

Avant de recevoir le Nobel, «j'écrivais un essai, La civilisation du spectacle, mais je l'ai interrompu à cause de ce tourbillon suédois», a-t-il raconté.

«Mes horaires ont volé en éclats, je dors deux ou trois heures par jour», mais «je ne me plains pas», «ce qui me rassure est que cela est passager et j'espère revenir prochainement à mon rythme normal». «Je sens un déséquilibre et je ne me sens pas à l'aise avec cela», a ajouté l'écrivain.

Mario Vargas Llosa a assuré qu'il avait toujours «beaucoup de projets en tête», qu'il allait «continuer à écrire tous les jours». «La mort me trouvera une plume à la main», a-t-il lancé.