«Je voyais venir la rentrée et je n'étais pas là...» Gaëtan Lévesque ne se sera éloigné de l'édition que le temps d'une courte année sabbatique. Et encore: difficile de parler de sabbatique quand on sait que le fondateur des Éditions XYZ complétait une deuxième année à la présidence de l'Association nationale des éditeurs de livres (ANEL) où Gaston Bellemare (Écrits des Forges) vient de lui succéder.

«J'ai toujours su que je reviendrais. J'ai juste 60 ans et je suis en bonne santé», lance un Gaëtan Lévesque souriant après nous avoir remis un exemplaire du tout premier titre de la nouvelle maison Lévesque Éditeur: Les caprices du sport, «roman fragmenté» de Renald Bérubé, ancien prof de littérature à l'Université du Québec à Montréal et à Rimouski et toujours collaborateur de la revue Lettres québécoises.

Les lettres québécoises, Gaëtan Lévesque y joue un rôle de premier plan depuis 25 ans. En 1985, avec le poète Maurice Soudeyns, il fondait XYZ - La revue de la nouvelle et, après le deuxième numéro, lançait la maison du même nom à laquelle s'associera plus tard (1990) l'écrivain et critique André Vanasse comme directeur littéraire.

Le premier best-seller d'XYZ a été Le pavillon des miroirs de Sergio Kokis, Prix de l'Académie des lettres du Québec et Grand prix du livre de Montréal en 1994, Prix Paris-Québec et prix Desjardins du Salon du livre de Québec l'année suivante. Au cours des 15 années suivantes, les Sergio Kokis, Yolande Villemaire, Hélène Rioux et Louis Hamelin confirmeront la qualité d'XYZ et sa place aux premiers rangs de l'édition littéraire québécoise. En 2009, la maison avait publié quelque 600 titres, «n'avait aucune dette et rapportait bien».

«André avait passé la soixantaine et il voulait réduire ses activités, raconte Gaëtan Lévesque. Nous avons finalement vendu au Groupe HMH d'Hervé Foulon. J'aurais pu continuer à diriger la maison chez Hurtubise, mais je ne me voyais pas travailler à l'intérieur d'une grosse structure.» Hurtubise HMH, qui fête ses 50 ans cette semaine, compte une cinquantaine d'employés; André Vanasse y travaille comme éditeur-conseil d'XYZ que dirige Josée Bonneville, sa collaboratrice de la première heure.

Gaëtan Lévesque, lui, s'était gardé la revue XYZ parce qu'il lui est très attaché. La revue trimestrielle a un tirage de 1000 exemplaires et ses propres bureau et entrepôt... tout ce qu'il faut à une nouvelle maison d'édition. Ou à peu près. «On ne peut pas lancer une maison d'édition sans une mise de fonds personnelle», explique Gaëtan Lévesque en rappelant toutefois qu'il en coûte peu pour la correction, le montage, l'imprimerie, les relations de presse et la promotion.

Et la promotion se fait quasiment toute seule quand elle travaille avec un auteur de renom comme... Sergio Kokis. «Sergio avait racheté ses droits. Je l'ai appelé et je lui ai dit: «Je repars en affaires; veux-tu revenir travailler avec moi?» Il a accepté. Après 17 titres, il s'est mis à la nouvelle et il m'a donné un recueil - Simulations sera son premier titre chez nous - et deux romans! Nous allons aussi rééditer quatre de ses romans.»

D'ici la fin de 2010, Lévesque Éditeur aura lancé une dizaine de titres dont deux recueils de nouvelles: L'esprit en boîte, de Nicolas Tremblay, directeur de la rédaction d'XYZ La revue, et un recueil d'Esther Croft, nouvelliste au talent confirmé. Pour 2011, Gaëtan Lévesque prévoit qu'une vingtaine de titres sortiront de sa nouvelle maison. De nouveaux noms?

«Probablement, mais j'ignore lesquels. Je ne sollicite pas de manuscrits. Parce que j'ai peur de rester pris avec...» Reste que Gaëtan Lévesque a un type favori: «Il y a des auteurs de qui on ne peut changer une virgule. Et il y a ceux qui doutent. Je préfère ceux qui doutent...»