C'est devant une salle comble, hier au Théâtre de la Marjolaine, que l'écrivaine Marie Laberge a rencontré ses lecteurs, en majorité des femmes, pour leur parler de ses personnages, ses noirceurs et son bonheur.

«Quand on écrit, on souhaite rencontrer quelqu'un, alors c'est toujours avec un grand plaisir qu'on constate qu'on a des lecteurs», explique l'auteure en soulignant que sa popularité s'est bâtie graduellement avec un début de carrière en théâtre puis un cercle de quelques milliers de lecteurs lors de la parution en 1989 de son premier roman, Juillet.

Vêtue élégamment dans les deux mêmes couleurs que la chevelure qui la caractérise, Marie Laberge s'est laissé guider sur le chemin des confidences par l'animatrice Danièle Bombardier.

«J'ai commencé à écrire à 11 ans pour sortir quelque chose de moi, pas pour écrire un livre. J'avais besoin que quelqu'un d'autre porte ma peine», raconte l'écrivaine en expliquant pourquoi elle a toujours préféré créer des personnages plutôt que de faire des aveux.

Après avoir raconté qu'elle avait quitté le monde du théâtre simplement parce qu'elle ne s'y sentait plus heureuse, on lui demandera si elle l'a trouvé, ce fameux bonheur. «Oui. En fait, je sais que je suis capable d'y aller sans jamais perdre de vue que c'est à moi de le faire, mon bonheur.»

Elle dit en parlant de l'écriture, mais aussi de la vie, qu'il faut «s'abandonner sans jamais abandonner» et c'est dans cet esprit qu'à l'aube de ses 50 ans, elle décide décrire 2000 pages en moins d'un an. Le premier jet de la saga Le goût du bonheur était alors écrit, une trilogie qui s'est vendue à plus de 700 000 exemplaires. La réalité dépasse alors la grandeur de ses rêves, explique-t-elle.

«Mais ce qui m'a touchée le plus, c'est l'amour que les gens portaient à mes personnages. Le même amour que je ressentais pour eux. Et même si chacun a sa version de chacun des personnages, il demeure le même pour nous tous. J'adore ça!» avoue-t-elle, émerveillée et souriante.

Marie Laberge se souvient d'une visite qu'elle a faite un jour dans la bibliothèque d'une école secondaire. «La libraire était gênée de me montrer l'exemplaire de mon livre tellement il était usé. Ce fut un réel bonheur. En examinant le livre, j'ai vu toutes les jeunes filles penchées sur ses pages.»

L'écriture est exigeante, mais elle permet à l'écrivaine de rester équilibrée. «Il n'y a que l'écriture qui me demande d'aller aussi loin dans le sous-sol émotif, là où il fait si noir et où il n'y a pas de lampes de poche. Mais c'est du sombre avec lequel on peut faire de la lumière. Et quand on est artiste, il est important d'avoir le courage de le faire.»

Son feuilleton épistolaire Lettres à Martha est suivi par plus de 42 000 lecteurs et lectrices. Aux Correspondances d'Eastman, on a créé le Salon de Martha où tous les visiteurs ont pu écrire à ce personnage de Marie Laberge. Deux cartables de missives ont été remis à l'écrivaine.

Au cours de l'entretien de 45 minutes, Marie Laberge a aussi parlé de son rapport avec la critique, la sexualité, la solitude et de sa relation avec son père.

La rencontre s'est conclue avec une exclusivité. L'écrivaine a lu les deux premières pages de son prochain roman qui sera lancé en octobre, Revenir de loin. Dans ces quelques phrases, on devine l'histoire d'une femme aux soins intensifs, peut-être dans le coma, à qui s'adresse son médecin. On entend son monologue intérieur. Branchée à des machines, Mme Mailloux est en vie, mais souhaiterait ne pas l'être.

Quelques phrases qui ont suscité la curiosité des fidèles lecteurs de Marie Laberge.