Oui, c'en sont bel et bien, des inédits de Colette (à l'exception de cinq). Plus exactement quelque 130 articles que l'écrivaine a rédigés, souvent «sur l'heure de tombée», pour diverses publications, réunis ici après d'intenses recherches dans des journaux souvent disparus.
Car Colette a aussi été journaliste et plusieurs de ses recueils de nouvelles sont même constitués de courtes fictions qu'elle écrivait d'abord à l'intention de périodiques: ainsi sont nés Les vrilles de la vigne, Prisons et paradis, La femme cachée, etc.
Mais elle a aussi été reporter et critique en bonne et due forme, et ce sont ces articles qui forment ce Colette journaliste. Pour les férus et fervents de la grande écrivaine, ce livre est un plaisir quasi sans mélange: ses textes sont émaillés de petits bonheurs d'écriture, d'ellipses foudroyantes et de cette gourmandise du mot juste propre à Colette. Parce qu'elles étaient destinées à la publication, ses chroniques sont plus agréables à lire que sa correspondance. Ses critiques de théâtre le sont toutefois moins, car il faut quasi constamment se rapporter aux notes en bas de page: metteurs en scène, dramaturges, comédiens sont presque tous tombés dans l'oubli. Elles sont heureusement peu nombreuses dans l'ensemble de l'ouvrage.
C'est, répétons-le, un livre à l'intention de ceux qui possèdent déjà bien «leur» Colette, et non pour ceux qui ne la fréquentent pas ou peu. Quoique... même ceux qui n'ont jamais ouvert un livre de Colette seront saisis par la qualité de sa plume et surtout par l'incroyable actualité de certains de ses textes et de ses thèmes: maigreur excessive des femmes à cause de la mode, camping, New York ou pigeons de Paris, autant d'articles qui pourraient avoir été écrits hier... Ils l'ont été il y a 75 ans par Colette!
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Colette journaliste - chroniques et reportages 1893-1955. Texte établi par Gérard Bonal et Frédéric Maget, Seuil, 370 pages, 39,95 $.