Invisible marque le retour de Paul Auster. Un retour pour ceux qui ne sont pas des inconditionnels de l'homme et de son oeuvre, et qui ont moins ou pas apprécié ses derniers écrits.

Roman labyrinthe où l'on peut avancer sans crainte et sans même tâtonner tant le fil narratif est solide et bien tendu; roman choral où les voix et les tons se succèdent, bien distincts les uns des autres - ce livre étant symphonie et non cacophonie, Invisible est un grand, un beau Paul Auster.

On y entre grâce à Adam Walker. Nous sommes à New York, en 1967. Il est poète. Ou plutôt, souhaite l'être. Effleurera le rêve grâce à un énigmatique mécène suisse. L'échappera presque aussitôt à cause du même homme.

La première brique de l'édifice est posée. En suivront d'autres. Parce que quelque 40 ans après les événements qui constituent le prologue, Adam écrira ses mémoires et les confiera - certains passages, à point; d'autres, à l'état d'ébauche - à Jim Freeman, qu'il a connu à l'université et est devenu romancier.

Difficile, parce qu'inutile, de dire plus. Il est impossible d'essayer de résumer ce texte riche en émotions et en textures, qui dit un homme et bien des hommes, un état d'esprit et un pan d'histoire.

La sensualité, parfois trouble, est à fleur de page. Les images, celles de New York et celles de Paris, émergent des mots. Les sentiments naissent, éclosent, s'étiolent. Les situations surprennent.

Et soudain, c'est l'arrivée. Fulgurante. Qui interroge toute la question de la vérité et de la fiction, et de la vérité dans la fiction. Comment, alors, ne pas avoir envie de relire Invisible sous ce nouvel éclairage...

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INVISIBLE. PAUL AUSTER. ACTES SUD. 293 PAGES, 29,95 $.