Événement de la rentrée hivernale en France que ce roman de Franz-Olivier Giesbert, directeur du magazine Le Point, animateur télé, dans lequel il se prête avec un plaisir évident à l'autofiction et à l'autodérision.

Le narrateur, Antoine Bradscok, nage dans les mêmes eaux que son auteur. Serial lover toute sa vie, il a cru à chacune de ses femmes au grand amour, jusqu'à ce très grand amour (ironie du titre), Isabella, probablement plus grand que d'habitude parce que c'est lui cette fois qui a été largué, et ce, au pire moment de sa vie, alors qu'il combat un cancer de la prostate.

Giesbert va ainsi rejoindre Philip Roth dans le registre des angoissés de la virilité vieillissante, qui sont en train de construire un genre littéraire en soi.

Bradscok, véritable cliché ambulant de l'increvable séducteur français, accumulant femmes, maîtresses et enfants, ne voulant blesser personne mais blessant tout le monde, est rapidement pardonné par le lecteur par la candeur de ses confidences, mais il est parfois si pathétique qu'on devine aisément sous tant de franchise une manipulation qui lui sert très bien.

Et qui sert parfaitement le roman, traversé par des moments tragiques au milieu de tant de bourdes. Bradscok sait-il vraiment ce qu'est l'amour? Probablement pas, mais sa quête d'absolu, sa foi même envers le sentiment amoureux, le rend, que voulez-vous, attachant.

C'est comme ça qu'on se fait toutes avoir... Méfiez-vous des romantiques!

___________________________________________________________________________________________________

* * * 1/2

Un très grand amour. Franz-Olivier Giesbert. Gallimard, 253 pages, 32,95 $.