L'écrivain espagnol Miguel Delibes, grand nom de la littérature de l'après-guerre civile (1936-1939), dont l'oeuvre a été traduite dans une trentaine de langues, est décédé vendredi à 89 ans.

Il s'est éteint entouré de ses proches, dans sa maison de Valladolid, ville du centre de l'Espagne où il était né en 1920.

Ancien journaliste, l'écrivain souffrait d'un cancer depuis plusieurs années et son état de santé avait empiré ces derniers jours.

«C'était une bonne personne, qui suivait et poursuivait les mots», un «grand écrivain», a déclaré vendredi le ministre espagnol de l'Éducation, Angel Gabilondo, sur la radio nationale.

«C'est un grand auteur en langue espagnole du XXe siècle qui nous a quittés», a affirmé dans un communiqué la directrice de l'Institut Cervantes, Carmen Caffarel.

Auteur de L'hérétique, ou de L'étoffe d'un héros, il avait reçu en 1993 le prix littéraire Cervantes, considéré comme le Nobel des lettres hispaniques. Il était membre de l'Académie de la langue espagnole et avait aussi obtenu en 1991 le Prix national des lettres espagnoles.

Son oeuvre abondante reflète les changements de l'Espagne de l'après-guerre civile. Son premier roman, L'ombre du cyprès est allongée, est l'histoire d'un orphelin meurtri par son éducation.

L'hérétique, l'une de ses dernières oeuvres, est une fiction historique sur le mouvement protestant, né puis poursuivi à Valladolid.

Une dizaine de ses livres ont été adaptés au cinéma, et son oeuvre a été traduite dans une trentaine de langues.

Les Saints innocents, film de Mario Camus inspiré de l'un de ses romans, a été récompensé en 1984 au Festival de Cannes par le prix d'interprétation masculine pour Francisco Rabal.

Toute sa vie, Miguel Delibes s'est attaché à défendre la nature, les valeurs simples du monde rural et les libertés individuelles, dans l'Espagne de la deuxième moitié du XXe siècle, marquée par la dictature de Francisco Franco (1939-75).

Issu d'une famille bourgeoise, son père était professeur d'université et son grand-père était un neveu du compositeur français Léo Delibes (1836-1891).

Il a suivi des études de droit et de commerce mais a commencé à travailler en tant que caricaturiste du quotidien de sa région, El Norte de Castilla, où il devient ensuite par hasard journaliste, puis directeur en 1958.

Victime de la censure des autorités après avoir dénoncé les difficiles conditions de vie et de travail des paysans castillans, il préfère démissionner en 1963.

Intéressé par la nature depuis l'enfance, il aimait la chasse et la pêche, passions reflétées dans son oeuvre, en particulier dans Le journal d'un chasseur.

Une chapelle ardente devait être ouverte vendredi à la mairie de Valladolid.