La prix Nobel de littérature 2009, Herta Müller, a été dénoncée et espionnée dans les années 1980 pour la Securitate, la police secrète roumaine, par un autre romancier, comme elle allemand d'origine roumaine, affirme lundi la chaîne de télévision allemande ARD.

L'écrivain Franz Thomas Schleich, qui habite désormais à Ludwigshafen, en Allemagne, collaborait avec la Securitate sous le nom de code de «Voicu», selon la chaîne publique qui cite des témoins de l'époque ainsi que des documents provenant des archives de l'ancienne police secrète.

M. Schleich, qui avait immigré en Allemagne où il se présentait comme une victime du régime communiste et où il travaille aujourd'hui comme porte-parole d'un fabriquant de linoleum, aurait d'abord dénoncé Mme Müller à la Securitate, puis l'aurait espionnée avant et après s'être lui même réfugié en Allemagne.

Interrogé par l'ARD, il s'est refusé, dans un courriel, à commenter directement les accusations, affirmant seulement que la Securitate avait pour habitude de falsifier les documents.

Mme Müller, interviewée par ARD, a estimé que «Voicu» et M. Schleich, qu'elle comptait parmi ses amis, sont bien une et même personne. Elle a appelé à l'ouverture d'enquêtes officielles contre les anciens informateurs de la Securitate habitant aujourd'hui en Allemagne.

Herta Müller, 56 ans, qui s'est exilée en Allemagne en 1987 pour échapper aux brimades du régime communiste roumain, s'est vue décerner le prix Nobel l'an dernier.