La veuve d'Alexandre Soljenitsyne, décédé il y a un an jour pour jour, a annoncé la prochaine publication d'un journal intime de l'écrivain qui devrait dissiper son image d'«homme dépourvu de doutes», a-t-elle déclaré dans une entrevue publiée lundi dans la presse russe.

«J'espère publier dans quelques mois Le journal du roman», que l'écrivain avait tenu lors du travail sur le roman La roue rouge», a indiqué Natalia Soljenitsyne au quotidien Rossiïskaïa Gazeta.

«La publication du journal va dissiper l'image d'un homme qui n'avait jamais eu de doutes, savait tout à l'avance», a-t-elle poursuivi.

Mme Soljenitsyne juge «important qu'il n'ait pas pensé à la publication de ce Journal quand il l'écrivait». «C'est un Soljenitsyne comme il l'était devant lui-même.»

La veuve de l'écrivain a également annoncé qu'elle travaillait à raccourcir L'archipel du goulag, actuellement en trois volumes, en un seul.

Un tel travail a déjà été effectué aux États-Unis avec l'accord de l'écrivain et «j'ai insisté sur le fait qu'un tel travail était aussi nécessaire en russe», a-t-elle dit dans un entretien distinct au quotidien Vremia Novosteï, lundi.

Mme Soljenitsyne a discuté de ce projet fin juillet avec le Premier ministre Vladimir Poutine, qui avait rendu plusieurs fois visite à l'écrivain pendant sa présidence (2000-2008).

M. Poutine a envoyé lundi un télégramme à la famille de l'écrivain, dans lequel il déplore «une perte irréparable pour la langue, la culture russes et toute la Russie», a indiqué son service de presse.

Il a rendu hommage à «un véritable représentant de l'intelligentsia russe, une personnalité à l'échelle planétaire».

Le président Dmitri Medvedev a, lui aussi, rendu hommage lundi à l'écrivain, «un véritable combattant qui a connu toutes sortes d'épreuves sévères et de privations», mais «a conservé la foi en l'Homme», selon un communiqué du Kremlin.

Un office religieux a été célébré au cimetière du monastère Donskoï, où le prix Nobel de la littérature est inhumé.

Pourfendeur de l'univers concentrationnaire soviétique, l'auteur d'Une journée d'Ivan Denissovitch et de L'archipel du goulag a été salué comme une conscience du XXe siècle, un combattant de la tyrannie.