Le protagoniste du Masque étrusque ne voyage pas idiot. C'est un médecin à l'ancienne, fort cultivé, qui s'intéresse à la beauté en général, dont celle des femmes, et à l'art ancien. Eugène est médecin militaire en 1943 en Italie, où la splendeur des paysages et de l'architecture survit à la déliquescence générale du pays. Un geste de compassion lui vaut un cadeau exceptionnel, un masque qui serait d'origine étrusque. Selon une note liminaire de l'auteur Louis Jolicoeur, il s'agit d'une histoire vraie.

Sa traduction romanesque ne paraît pas trop vraisemblable. Elle est saturée de situations dont les romanciers populaires du XIXe siècle faisaient leurs choux gras. Coïncidences troublantes et rencontres inopinées, recherche toujours décevante de la vérité des choses et des gens, découverte tardive d'un demi-frère, tout y passe, bien lentement, et le lecteur, noyé dans ces poncifs, n'aurait pas tort de passer à quelque chose de plus moderne, dans la manière du moins.

 

Le fils d'Eugène, qui reprend la quête des mystérieuses origines du masque, n'a guère plus de relief que son père, ni plus de cohérence. Le théâtre laissait indifférent le médecin, pourtant grand admirateur de Pirandello. Son fils est journaliste comme on rêverait de l'être, courant la galipote à Paris tout en couvrant pour son journal, sans se déplacer pour si peu, la construction du nouveau Reichstag de Berlin, les frasques de Kadhafi ou les élections au pays basque.

L'écriture est correcte mais un peu scolaire, la narration, linéaire et le rythme, très lent, sauf dans les trente dernières pages. Le masque étrusque, selon la légende, est censé porter malheur à qui le détient. Il ne porte pas chance, semble-t-il, à qui veut en faire de la littérature.

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Le Masque étrusque

Louis Jolicoeur L'instant même, 174 pages, 22$

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