Dix ans après sa création, le Prix France-Québec est-il enfin en mesure de favoriser la carrière française d'un livre québécois? «Oui», répond l'éditrice Héloïse d'Ormesson, qui publie en France Les Carnets de Douglas, le premier roman de Christine Eddie.

Le titre est sorti en librairies il y a une semaine, à la faveur du Salon du livre de Paris, assorti du bandeau «Prix France-Québec». Pour la fille de Jean d'Ormesson, qui a créé sa maison d'édition il y a quatre ans, il s'agit d'un véritable argument de vente. «Le prix, affirme-t-elle, participe nettement au rayonnement du livre en France.»

Créée en 1998 par l'Association France-Québec, la récompense était venue faire concurrence à celle que décernait depuis 1965 l'Association des écrivains de langue française (ADELF). Les deux prix se sont un temps associés, avant que l'ADELF ne soit définitivement écarté.

L'impression générale a toujours été que les prix littéraires franco-québécois, quels qu'ils soient, n'ont jamais fait vendre un seul livre à leurs lauréats. La situation est peut-être en train de changer, si on en juge par l'enthousiasme d'Héloïse d'Ormesson.

Éditée par Alto au Québec, Christine Eddie est, fait-on valoir, le premier gagnant du Prix France-Québec à trouver un éditeur français, avec un premier roman de surcroît. Jeudi, on a par ailleurs appris que les droits des Carnets de Douglas venaient d'être rachetés par le Livre de Poche, pour une sortie en petit format dans un an ou deux.

Pour la sortie française du roman, Mme d'Ormesson a prévu une mise en place «significative», en misant sur l'impact et la crédibilité de ce «prix des lecteurs» (ce sont en effet les membres de l'Association France-Québec qui élisent le gagnant).

«Et puis le Prix France-Québec, c'est tout de suite quelque chose qui résonne» dans le public français, a expliqué l'éditrice, en insistant sur «l'ancrage du roman dans la forêt et le voyage».

«Il y a dans ce roman un ancrage à la fois québécois et universel. C'est le propre des grands livres», a-t-elle ajouté.

Détail non négligeable : la bourse du Prix France-Québec a plus que triplé cette année. Elle se chiffre désormais à 5000 euros (8500 $).

«Cette somme me permet de m'arrêter de travailler pendant huit mois pour faire ce que j'aime le plus : écrire», a confié Christine Eddie, qui s'est attelée à son deuxième roman.