«À Juillet, toujours nue dans mes pensées propose une expérience de lecture où tous les éléments du roman, que ce soit l'érotisme, l'anticipation ou l'écologisme, offrent une oeuvre de sensibilisation riche d'une humanité jouissive et pleine d'espoir.» L'auteur qui écrit ces mots dans une postface inattendue est donc satisfait de son travail. Ce sont des choses qui arrivent.

Allier érotisme et écologie, il fallait le faire. C'est fait. Des jeunes dans la vingtaine, beaux on n'en doute pas, produisent de la «pornographie underground» au bénéfice d'un groupe écologiste. Pas de doute, ça attire le chaland plus qu'un reçu de charité pour l'impôt. Voici venu l'an 2033. Les valeurs ont bien changé: les scènes proposées à la clientèle sont jouées par les protagonistes eux-mêmes, jeunes gens liés par une amitié qui semble être un ersatz de l'amour. Désormais impossible, l'amour, parce qu'il n'y a plus d'avenir. Si on aime, c'est que le coeur est faible et la chair, toujours bien portante. Il n'est surtout pas question de faire des enfants pour ce monde pourri.

 

Pornographie ou érotisme? La pornographie n'invente rien et elle dit tout. Nos écolos du sexe ont choisi le brut et le cru, bref, la totale. Curieusement, les valeurs qu'ils affichent et répètent à satiété sont d'un tout autre ordre. Tendresse, amitié, partage. C'est plutôt touchant et ne contredit en rien leur «humanité jouissive». Pour l'humanité «pleine d'espoir», on peut toujours chercher. Lol, 16 ans, se laisse embrigader dans un mouvement écologiste terroriste. Elle en meurt de son plein gré, on se demande pourquoi, car «Lol cherchait à résoudre le mystère de ses angoisses. Sans en faire une maladie, juste assez pour rester en vie». Juillet, quant à elle, amoureuse éperdue de Frank, le quitte brusquement pour une mission suicide, encore une.

Il est difficile de trouver de la cohérence dans ce roman. La dimension futuriste elle-même a du mou. Ainsi, parmi les gadgets nouveaux, cet autobus à énergie solaire dont l'existence et l'utilisation contredisent pourtant le diagnostic catastrophé que posent les personnages à propos de l'état de la planète: celle-ci se meurt, conséquence de la bêtise, de l'ignorance ou de la vénalité des puissants.

Le vrai répertoire de M. Quessy serait plutôt dans les histoires d'amour, avec des personnages qui sauraient «prendre soin l'un de l'autre et s'attarder à refermer de leurs baisers les fissures du passé». Et qui seraient un peu moins bavards, car les dialogues sont la partie la plus faible de ce roman éclaté.

À JUILLET, TOUJOURS NUE DANS MES PENSÉES

Benoît Quessy Québec Amérique, 176 pages. 16,95$

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