Marek Edelman, 89 ans, le dernier survivant des commandants de l'insurrection du ghetto juif de Varsovie en 1943, vient de publier un livre intitulé I byla milosc w getcie (Il y eut aussi de l'amour dans le ghetto).

«Personne n'a jamais parlé de l'amour dans le ghetto. On me disait: c'est un sujet trop difficile, alors que c'est précisément l'amour qui avait permis aux gens de survivre dans cet enfer», a expliqué Marek Edelman à l'AFP.

Il a d'abord voulu qu'un film soit tourné sur l'amour dans le ghetto de Varsovie, où la vie était le plus souvent montrée sous ses aspects les plus dramatiques: la famine, les maladies, les arrestations et la déportation vers les camps d'extermination.

«J'ai cherché à intéresser les plus grands noms du cinéma, dont Andrzej Wajda, mais tous me répondaient qu'ils ne disposaient pas d'un bon scénario. C'est ainsi que ce livre est né».

Dans son livre, Marek Edelman raconte sur près de 200 pages différentes histoires d'amour. L'amour passionné de jeunes amants, l'amour altruiste d'une mère pour sa fille et celui d'une fille pour sa mère qui décide de ne pas l'abandonner au moment de sa déportation dans le camp de la mort de Treblinka.

«Tout ce que j'ai écrit, je le dis en tant qu'observateur», a souligné Marek Edelman dont le livre paraîtra bientôt en italien.

Après avoir envahi la Pologne en 1939, les Allemands ont enfermé près d'un demi-million de Juifs dans le ghetto, délimité sur 307 hectares dans le centre de Varsovie.

Avant la Seconde Guerre mondiale, Varsovie comptait 1,3 million habitants, dont 380 000 juifs, étant à ce titre la deuxième ville juive du monde après New York.

En avril 1943, un millier de jeunes Juifs du ghetto, dont Marek Edelman, décidèrent d'attaquer les nazis pour mourir l'arme à la main plutôt que de se faire tuer sans résistance dans le cadre de «la solution finale».

Edelman a réussi avec une poignée de combattants à quitter le ghetto en s'enfuyant par des égouts. Il a rejoint la résistance polonaise pour participer en 1944 à l'insurrection de Varsovie qui coûta la vie à 200 000 personnes et provoqua la destruction quasi-totale de la ville.

Après la guerre, Marek Edelman est devenu un cardiologue connu en Pologne.