Après les cégépiens qui lui ont remis le mois dernier le Prix littéraire des collégiens, c’est au tour des libraires de récompenser Emmanuelle Pierrot pour son premier roman, La version qui n’intéresse personne.

La jeune autrice a remporté le prix dans la catégorie roman-nouvelles-récit québécois, jeudi soir au Club Soda. « Je suis vraiment contente, je ne m’attendais pas du tout à ça. Bien honnêtement, je croyais que c’est Éric Chacour [qui était parmi les finalistes] qui allait l’avoir ! », a-t-elle confié à La Presse.

Publié au Quartanier l’automne dernier, La version qui n’intéresse personne raconte l’histoire d’une jeune punk québécoise qui atterrit à Dawson City, au Yukon, et qui devient subitement le mouton noir de la petite communauté de marginaux à laquelle elle s’est greffée.

Je trouve ça étonnant [de remporter le prix] parce que mon livre a quelque chose de vraiment cru. Il y a vraiment eu une démarche de mon côté à mettre mes tripes sur la table au maximum et à écrire sans filtre. J’aurais pu refroidir des lecteurs, des lectrices, par la dureté du propos et les phrases qui ne sont pas nécessairement faites dans la dentelle ou pour être très douces et belles.

Emmanuelle Pierrot, romancière

« J’avais cru que le livre allait intéresser seulement des gens de ma génération, a-t-elle ajouté, mais que ça traverse les générations, c’est tellement au-delà de mes attentes. Il y a des hommes de 75 ans qui se sont identifiés à Sacha ! Ça m’a vraiment touchée de voir que le sentiment de rejet, c’est une réalité que tout le monde vit. »

Emmanuelle Pierrot a souligné que ce prix, doté d’une bourse de 10 000 $, lui permettra de se concentrer au cours des prochains mois sur son prochain roman. « J’ai réalisé à quel point c’était difficile de travailler sur mes projets d’écriture tout en vivant la vie de La version qui n’intéresse personne. J’ai fait plusieurs salons du livre depuis deux mois : la Foire du livre de Bruxelles, ensuite, j’ai eu un évènement à Paris, j’étais au Salon du livre de Québec, sur la Côte-Nord, puis je m’en vais à Vancouver pour le Salon du livre francophone [du 23 au 25 mai]. »

Parmi les cinq romans québécois finalistes au prix cette année figuraient également Ce que je sais de toi, d’Éric Chacour (Alto), Granby au passé simple, d’Akim Gagnon (La Mèche), Hotline, de Dimitri Nasrallah (La Peuplade), et Autoportrait d’une autre, d’Élise Turcotte (Alto).

Dans la même catégorie, du côté des romans, nouvelles et récits publiés hors Québec, c’est l’écrivaine française et lauréate du prix Femina Neige Sinno qui a remporté le prix pour son livre Triste tigre, paru à l’automne chez P.O.L et inspiré de l’inceste dont elle a été victime durant son enfance.

Une bande dessinée au message porteur

En bande dessinée, les libraires ont choisi La méduse, de Boum (Éditions Pow Pow), parmi les titres publiés au Québec, et La petite lumière, de Grégory Panaccione, d’après le roman d’Antonio Moresco (Delcourt), parmi les finalistes hors Québec.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

La bédéiste Boum, de son vrai nom Samantha Leriche-Gionet

La bédéiste Samantha Leriche-Gionet, alias Boum, s’est elle aussi réjouie de cette prestigieuse récompense. « Je trouve ça incroyable. Il y a beaucoup de gens qui me découvrent avec La méduse et qui pensent que c’est mon premier album, mais c’est mon 16», s’est-elle exclamée en riant.

« En faisant La méduse, j’essayais de parler des maladies chroniques invisibles, a souligné la bédéiste. Dans le fond, on ne sait jamais ce que les gens autour de nous peuvent être en train de combattre. Moi, maintenant, je suis aveugle d’un œil, mais avant, j’avais des taches dans la vision de mon œil droit. J’appelais ça ma méduse. […] J’espère que les gens vont ressortir de cette lecture-là changés, qu’ils comprennent qu’il y a des maladies que les autres ne voient pas. Et avec le dessin, on peut comprendre encore mieux. »

Les libraires ont également récompensé deux autrices dans les catégories essai et poésie : Dahlia Namian pour La société de provocation : essai sur l’obscénité des riches (paru chez Lux) et Juliette Langevin pour son recueil Fille méchante (L’Oie de Cravan).

Le Prix des libraires du Québec récompense des titres choisis par des libraires de toute la province depuis 1994. Les lauréats recevront des bourses allant de 3000 à 10 000 $, offertes par le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), le Conseil des arts de Montréal (CAM) et l’Association des libraires du Québec.

Les livres qui ont remporté le Prix des libraires 2024
  • Catégorie roman-nouvelles-récit québécois

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    Catégorie roman-nouvelles-récit québécois

  • Catégorie roman-nouvelles-récit hors Québec

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    Catégorie roman-nouvelles-récit hors Québec

  • Catégorie poésie québécoise

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    Catégorie poésie québécoise

  • Catégorie essai québécois

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    Catégorie essai québécois

  • Catégorie bande dessinée québécoise

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    Catégorie bande dessinée québécoise

  • Catégorie bande dessinée hors Québec

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    Catégorie bande dessinée hors Québec

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