La littérature québécoise a assurément le vent dans les voiles. En plus du fait que le Québec sera à l’honneur au Festival du livre de Paris, en avril prochain, une autre bonne nouvelle a été annoncée jeudi soir à l’inauguration du Salon du livre de l’Outaouais : la Belle Province sera l’invitée d’honneur de la Foire du livre de Göteborg en 2026.

Si peu de gens hormis les passionnés de polars scandinaves peuvent situer Göteborg sur une carte, la ville suédoise accueille pourtant chaque année la deuxième foire du livre en importance en Europe, après celle de Francfort, en Allemagne, où le Canada était à l’honneur en 2021.

« C’est le plus grand évènement culturel des pays nordiques. C’est vraiment énorme. On reçoit entre 80 000 et 90 000 visiteurs pendant quatre jours », a souligné Oskar Ekström, directeur de la programmation de la Foire, de passage au Québec cette semaine pour l’annonce en compagnie de la directrice générale, Frida Edman. À titre de comparaison, le Salon du livre de Montréal a accueilli en novembre dernier près de 88 000 visiteurs pendant cinq jours.

La Foire du livre de Göteborg se tient annuellement au cours de la dernière semaine de septembre. Et si l’annonce a été faite avec plus de deux ans d’avance, c’est pour donner aux acteurs du milieu le temps de se préparer, explique Geneviève Pigeon, présidente du conseil d’administration de l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL) et également directrice générale de la maison d’édition L’instant même.

Mission traduction

« Ce délai nous laisse le temps de faire des missions d’exploration et de prévoir un bon plan d’attaque pour que l’évènement soit utilisé à son plein potentiel, l’idée étant que, dans un monde idéal, on arrive en 2026 avec un certain nombre de traductions pour que le public suédois soit capable de lire des livres québécois et que ça nous serve de tremplin pour en faire traduire encore d’autres », précise-t-elle.

À ce jour, quelques auteurs québécois ont déjà été traduits en suédois, parmi lesquels Kim Thúy, qui a rencontré un grand succès public et critique au pays d’Henning Mankell, Lise Tremblay et, plus récemment, Dominique Fortier, Catherine Mavrikakis, Jocelyne Saucier et Larry Tremblay.

Il n’en demeure pas moins que bon nombre d’auteurs traduits en anglais, en allemand ou en espagnol comme Naomi Fontaine, Michel Jean et Christian Guay-Poliquin pourraient obtenir un grand succès également auprès des lecteurs suédois, selon l’ANEL.

D’autant plus qu’une traduction en suédois pourrait ouvrir la porte à d’autres langues scandinaves, l’évènement attirant des éditeurs de tous les pays nordiques.

« Comme éditrice, intervient Geneviève Pigeon, j’ai des auteurs et des autrices qui ont été traduits en trois, quatre, cinq langues, mais le suédois n’y est pas encore. Et c’est sûr que quand on rencontre un éditeur étranger avec un livre qui a déjà été traduit dans plusieurs langues, ça prouve, dans une certaine mesure, son universalité et sa capacité à rejoindre un public étranger. Ce qui fait que c’est une belle occasion pour nous d’aller rencontrer des éditeurs qu’on ne rencontrerait peut-être pas sinon. »

La Suède et les pays scandinaves représentent par ailleurs un bassin de lecteurs importants, note Frida Edman, directrice générale de la Foire du livre de Göteborg. « Les gens lisent beaucoup et s’intéressent à toutes sortes de littérature – les polars, les romans feel-good, la poésie… Et le milieu de l’édition au Québec est très dynamique. En plus, je crois que nos lecteurs se reconnaîtront dans les histoires du Québec parce que, comme chez nous, la nature y est très présente et nous avons de nombreux points communs », conclut-elle.