Dominique Bertrand lance Des jardins secrets remplis d’orties, son troisième roman, dont les droits d’adaptation télévisuelle ont déjà été acquis par Zone 3. Nous l’avons rencontrée.

« Je suis grand-mère depuis ce matin à 5 h 45 et c’est une petite fille », lance, ravie, Dominique Bertrand, mercredi dernier en arrivant au restaurant Il Cortile, son quartier général, au centre-ville de Montréal. Un peu plus et nous allions célébrer au champagne dès 11 h l’annonce de cette grande nouvelle, car l’ancienne mannequin et animatrice est très heureuse de devenir grand-mère. « Je vais avoir 65 ans à la fin du mois, j’étais prête ! Je trouve que ça nous rajeunit, ça nous remet en contact avec la magie de l’enfance, c’est extraordinaire. »

« Difficile, mais lumineux »

Des jardins secrets remplis d’orties est le titre de son quatrième livre, et de son troisième roman, après son autobiographie Démaquillée, puis Le pot au rose et Le cœur gros. Renaître de ses cendres est le thème central de ce roman où Clara, une femme désespérée et venant d’un milieu aisé, se retrouve dans un motel miteux, en bordure du parc de La Vérendrye. Elle va y rencontrer Richard, un camionneur écorché vif qui n’a plus personne à aimer, et Symone, une jeune serveuse enceinte, battue par son conjoint Bob, patron du motel. Clara, Richard et Symone vont s’entraider, régler leurs comptes, et se sortir de ce pénible moment de leur vie. Il s’agit d’un roman composé de rencontres improbables, où Dominique Bertrand manie l’humour noir et aborde des thèmes très difficiles, comme le viol, l’inceste et les violences faites aux femmes.

« C’est un livre difficile, mais en même temps lumineux, car mes personnages, malgré leurs souffrances, ont une rage de vivre. Les thèmes abordés sont très durs, mais pas plus durs que la vie, c’est le reflet de la société. Je n’en peux plus de regarder les nouvelles, de voir toute cette violence envers les femmes, les enfants. Et surtout, j’avais envie de donner la chance à mes personnages d’aller au bout d’un fantasme qu’on a tous un jour ou l’autre dans notre vie, de régler leurs comptes à leur manière, ce que la loi ne permet pas. C’est une fiction, alors j’ai tout permis à mes personnages et ç’a été jubilatoire de l’écrire », avoue l’autrice.

CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Dominique Bertrand

C’est la vengeance des femmes maltraitées par des hommes violents. Elles détruisent leur vie de la même manière que ces hommes ont détruit la vie de leurs victimes.

Dominique Bertrand, autrice

Selon Dominique Bertrand, beaucoup de gens ont des jardins secrets et la plupart sont remplis d’orties. « Plusieurs personnes ont une facette de leur vie ou de leur personnalité qu’elles ne veulent pas dévoiler, parce que ça fait mal... c’est le cas de mes personnages. On ne peut jamais effacer son passé, mais on peut renaître de ses cendres. Quand on est dans le pire, qu’on touche le fond, si on trouve la bonne personne, la bonne entraide, souvent, on est capable de remonter vers la lumière. Ça prend du temps, ça prend de l’amour, de la tendresse, de l’écoute, mais on est capable. »

Devenir une meilleure personne

L’autrice confie qu’elle est elle-même tombée en cendres en 1998, lorsque son conjoint est mort subitement d’une crise cardiaque, à 49 ans, en jouant au squash. « Il est parti le matin et n’est jamais revenu, dit-elle. J’ai été en deuil solide pendant trois ans, j’ai pleuré pendant un an et demi toutes les nuits, ç’a été très dur. Mais je me suis reconstruite, et aujourd’hui, je ne suis pas la même personne, le deuil nous transforme. Dans le pire, on est capable de s’accrocher, et ça nous fait grandir, ça nous bonifie. Je suis une meilleure personne, plus sensible à l’autre que je n’ai jamais été auparavant. »

Pour s’en sortir, il faut aller chercher de l’aide, croit-elle.

On ne peut pas traverser la vie sans s’appuyer sur quelqu’un à un moment ou à un autre. La vie d’aujourd’hui est trop dure, on n’a plus le même tissu social qu’avant. Les gens sont seuls, terriblement seuls, et la pandémie n’a pas arrangé les choses.

Dominique Bertrand, autrice

Il ne faut pas abandonner, c’est ce qu’elle souhaite transmettre avec ce roman, ne jamais cesser d’espérer. « Les gens qui sont dans la pire période de leur vie, il faut leur dire qu’ils peuvent s’en sortir, on a besoin d’avoir plus de psychologues et de psychiatres. Depuis 20 ans, j’ai un psychiatre qui m’a sortie de mes dépressions et j’ai eu la chance de pouvoir compter sur lui », ajoute-t-elle.

Dominique Bertrand avait une autre bonne nouvelle à nous annoncer, car les droits d’adaptation télévisuelle de son roman ont déjà été acquis par Zone 3. Une série télévisuelle sera donc créée dans la prochaine année. « Pour un auteur, savoir que ses personnages vont prendre vie à l’écran, c’est un peu comme une consécration, je suis bien énervée ! C’est une nouvelle expérience pour moi, je serai probablement consultante, mais ce n’est pas mon métier, je vais laisser faire l’équipe de professionnels en qui j’ai entièrement confiance. »

Des jardins secrets remplis d’orties

Des jardins secrets remplis d’orties

Éditions Flammarion Québec

256 pages