(Londres) L’écrivain sri-lankais Shehan Karunatilaka a remporté lundi soir le prestigieux Booker Prize britannique pour son roman The Seven Moons of Maali Almeida, une satire mordante qui a pour cadre la guerre civile qui a secoué son pays.

Le jury a salué « l’ampleur et la compétence, l’audace, la hardiesse et l’hilarité » de l’auteur, qui voit ainsi couronné son deuxième roman.

Cette affaire de meurtre à l’humour noir se déroule dans la capitale srilankaise, Colombo, dans les années 1990 après la guerre civile.

Il suit un photographe de guerre, joueur et homosexuel caché, qui essaie de découvrir qui l’a tué.

En recevant le prix, Shehan Karunatilaka a salué les cinq autres finalistes et remercié son éditeur Sort of Books d’avoir publié ce livre « bizarre, difficile, étrange ». Il a fait part de son espoir que « dans un avenir pas trop lointain », le Sri Lanka « comprenne que ces idées, de corruption d’appât du gain et de copinage ne fonctionnent pas et ne fonctionneront jamais ».

Le prix littéraire lui a été remis à Londres par la reine consort Camilla, lors de l’une de ses principales apparitions publiques depuis l’accession au trône de son époux le roi Charles III, pour la première cérémonie du Booker Prize en personne depuis 2019 à cause de la pandémie de COVID-19.

Shehan Karunatilaka, 47 ans, est le deuxième écrivain né au Sri Lanka à recevoir le Booker Prize, après Michael Ondaatje en 1992 pour Le Patient Anglais.

Cinq des six écrivains finalistes présents, le doyen des sélectionnés, toutes éditions confondues, Alan Garner, 88 ans, a fait une apparition en vidéoconférence. Garner, a été sélectionné pour son roman Treacle Walker.

Était également en lice le court roman de l’Irlandaise Claire Keegan, Small Things Like This (Ce genre de petites choses), qui a remporté mi-juillet le prix Orwell de la fiction politique. Il raconte, en 116 pages, l’histoire d’un marchand de bois et de charbon en Irlande en 1985.

Deux autres romancières déjà sélectionnées par le Booker Prize figuraient sur la liste finale : la Zimbabwéenne NoViolet Bulawayo pour Glory, et l’Américaine Elizabeth Strout pour Oh William !

Enfin, l’Américain Percival Everett avait été retenu pour The Trees, qui revisite le lynchage en 1955 du jeune afro-américain Emmet Till dans le Mississippi.

L’an dernier, le prix avait été attribué à l’auteur sud-africain Damon Galgut pour The Promise (La promesse), un livre sur le temps qui passe dans une famille de fermiers blancs dans l’Afrique du Sud post-apartheid.

Le vainqueur remporte la récompense de 50 000 livres (un peu moins de 78 000 dollars canadiens) et l’assurance d’une renommée internationale.

Salman Rushdie, Margaret Atwood ou Hilary Mantel, décédée le mois dernier à 70 ans, font partie des écrivains ayant reçu le prix qui récompense les romans écrits en anglais publiés au Royaume-Uni ou en Irlande.