On ne pouvait pas faire autrement. Le lieu de rendez-vous donné à Marie-Josée Gauvin pour cette entrevue s’est imposé de lui-même : coin De Bleury et Sainte-Catherine Ouest, à Montréal, bien sûr. Là où pendant des années, les VJ de MusiquePlus ont fait leurs interventions en direct. Là où la jeune Marie-Josée Gauvin rêvait de travailler un jour.

Le destin en aura décidé autrement. Celle qu’on peut entendre les matins de semaine sur les ondes de Rouge FM n’aura jamais tenu le micro de la défunte station de télé. MusiquePlus aura tout de même marqué la vie de l’animatrice à un point tel qu’elle a choisi d’intituler son premier roman en l’honneur de la chaîne.

« Les gens vont-ils s’attendre à ce que ce soit un documentaire ? », s’est inquiétée Marie-Josée Gauvin lorsqu’est venu le temps de choisir le titre, On écoutait MusiquePlus.

Car non, le livre ne se déroule pas dans les studios vitrés qui ont accueilli tous les artistes de l’heure pendant plus de deux décennies. Il transporte plutôt le lecteur au Lac-Saint-Jean, au début des années 2000, et suit quatre adolescentes mordues de musique qui passent le plus clair de leur temps à – vous l’aurez deviné – écouter MusiquePlus.

Sans être autobiographique, le roman est inspiré de la vie de l’animatrice et de trois amies d’enfance qu’elle connaît depuis la maternelle.

À la base, le pourquoi de ce livre-là, c’est vraiment pour rendre hommage à ces trois filles, à notre amitié.

Marie-Josée Gauvin

Comme de nombreuses adolescentes qui ont fréquenté l’école secondaire au moment où Britney Spears était au sommet des palmarès, le quatuor s’échangeait des lettres pliées de façon très créative entre deux cours. Nostalgique dans l’âme, Marie-Josée Gauvin les avait toutes conservées. Malheureusement, elles ont brûlé dans un incendie il y a quelques années.

« Comme cadeau de fête, mon amie Jade a fait imprimer toutes celles que je lui avais écrites. Elle m’a dit : “Ce n’est peut-être pas pareil, mais c’est un peu notre histoire qui est là-dedans” », raconte la trentenaire.

« En les relisant, j’ai réalisé : “Il y a quelque chose là.” »

Culture pop

Ce « quelque chose » s’est métamorphosé en premier tome d’une trilogie bourré de clins d’œil à la culture pop du tournant du millénaire. Pensez à Brad Pitt dans Légendes d’automne, à Jennifer Love Hewitt dans Ce soir tout est permis, à P.S. Tendresse sur les ondes de Rock Détente, aux ceintures cloutées, aux tatouages tribaux : si vous avez de 30 à 40 ans, les souvenirs se succéderont à la lecture de ce roman.

Tous ces exemples du passé ont-ils exigé une recherche exhaustive ? Au contraire. « Cette culture-là était tellement importante pour mes amies et moi », répond Marie-Josée Gauvin. Encore aujourd’hui, elle fait fréquemment référence à des éléments des années 1990 et 2000 dans ses discussions du quotidien, ce qui décourage parfois ses collègues de la radio, révèle-t-elle.

Pour se replonger dans son passé, Marie-Josée Gauvin s’est laissé porter par les chansons de l’époque.

Il y en a pour qui les odeurs ramènent beaucoup de souvenirs. Moi, c’est vraiment la musique. […] Le souvenir musical est très clair pour moi. Je suis capable de dire comment j’étais habillée la première fois que j’ai écouté une pièce ou quel sentiment j’ai ressenti.

Marie-Josée Gauvin

Chaque chapitre d’On écoutait MusiquePlus est d’ailleurs associé à une chanson. De Killing in the Name de Rage Against the Machine à Ironic d’Alanis Morissette, en passant par Tu m’manques de La Chicane ou La vie est laide de Jean Leloup, la liste de lecture est variée (et offerte sur Spotify pour les intéressés).

Même si la nostalgie des années 2000 est bien présente dans le roman, Marie-Josée Gauvin ne croit pas qu’il soit nécessaire d’avoir vécu cette décennie pour s’identifier à son quatuor d’amies, bien au contraire. « Peu importe l’époque, les émotions à l’adolescence restent les mêmes », pense celle qui travaille actuellement au deuxième tome de la trilogie.

On écoutait MusiquePlus

On écoutait MusiquePlus

Éditions du Parc en face

300 pages

Lana, chien vedette

Marie-Josée Gauvin l’avoue, elle s’inspire beaucoup de son entourage pour écrire. Si ses amies sont en vedette dans On écoutait MusiquePlus, dans les albums jeunesse Lananouille, c’est plutôt sa famille et sa chienne qui sont au cœur de l’histoire. « C’est un projet familial. Avec Joséphine, ma fille, on brainstorm. […] C’est quasiment une autofiction canine parce que Lana fait toutes ces choses-là pour vrai », explique l’autrice au sujet de cette amusante série qui met en scène un animal maladroit, dont le deuxième titre est paru l’été dernier.

Lananouille 2 – Le chien qui ne se voyait pas comme un chien

Lananouille 2 – Le chien qui ne se voyait pas comme un chien

Éditions Les Malins

Dès 3 ans