Après son excellent premier recueil, Formes subtiles de la fuite, Virginie Savard revient en force avec Les deuils transparents, écrit en pleine pandémie. Même si ce mot fatidique n’apparaît pas dans le livre, la poète veut clairement rendre visibles les trop nombreux deuils que nous vivons.

Faune et flore en péril lui servent à ancrer ses mots dans le réel et à outrepasser la solitude de nos « humanités / en latence ». Dans sa recherche d’absolu, la poète estime que le sens doit bien exister quelque part, même si son « corps carnivore » s’autodigère et son visage de garçon ressemble à une victoire à ses yeux. Après tout, « l’identité n’a pas de source / il y a trop de choses à être ».

Les doutes fourmillent, donc, les peurs grondent, les apparences triomphent et la mort rôde. La narratrice sait nommer le mal, celui d’une jeunesse qui souhaite avoir déjà tout vécu pour ne pas se sentir en retard sur sa vie : « Nous n’avons pour continuer qu’un désir aux yeux crevés. »

Le « je » et le « tu » mènent la danse. Par contre, le « nous » assure le rythme dans l’équilibre précaire du poème, ce sentiment collectif qui devrait se perpétuer malgré « la mort du monde ».

Les futurs poussent, selon Virginie Savard, entre les tournesols et les tomates ou, encore, dans une autre respiration que la sienne. Le cosmos peut ainsi renaître infiniment, nous invitant à agir parce que « nous n’avons plus de temps / pour l’horreur ».

Les deuils transparents

Les deuils transparents

Triptyque

146 pages

7/10