Dominique Robert se lance dans le haïku ? En fait, cette poète importante, récompensée par le Grand Prix du livre de Montréal pour La cérémonie du maître en 2015, est passionnée du Japon. Elle y a séjourné et apprend désormais la langue afin de pouvoir lire la poésie japonaise, dont les haïkus.

Les siens s’éloignent souvent de la tradition. Sauf erreur, ses haïkus comportent effectivement trois lignes d’un total de 17 syllabes (5-7-5) qui savent faire preuve d’humour, mais ils ne renvoient pas toujours aux émotions et aux sensations, pas plus qu’ils n’évoquent toutes les fois une des quatre saisons comme dans la forme classique.

La beauté de ce recueil érudit réside dans la liberté que s’accorde la poète, comme dans ce gentil pied de nez à la tradition : « En cinq ou en sept / Des cercles qu’on tracerait / Avec de beaux os ».

Qui plus est, l’écrivaine sait parler de l’ici-maintenant avec des textes souvent lucides, parfois inquiets, toujours intelligents. Elle crée sa propre mythologie à partir, notamment, de celles des Grecs, des artistes français et anglais, et des Japonais, évidemment.

Elle nous raconte des histoires aussi riches que saugrenues en y insérant quelques aphorismes de bon aloi : « L’avenir se joue / Un futur après l’autre / L’usurpe la gloire ».

Dominique Robert nous guide à travers son fructueux flot de pensées au sein de neuf cercles de haïkus qui n’ont rien de ceux de L’enfer de Dante. Le lecteur va de surprises en découvertes avec plaisir. Le haïku n’est probablement plus ce qu’il était. Ça s’appelle renouveler le genre.

Haïkus des neuf cercles

Haïkus des neuf cercles

Mains libres

120 pages

8/10