Trois frères retournent dans la maison de campagne de leur enfance pour disperser les cendres de leur mère dans le lac qui borde la propriété à l’abandon au cœur de la forêt suédoise. Ils n’y ont pas mis les pieds depuis l’enfance, depuis la tragédie qui a marqué leur famille, deux décennies plus tôt.

Peu à peu, dans une narration qui entremêle le passé et le présent, ils remontent le fil de leur histoire, dévoilant leurs personnalités, leurs affinités, les tensions qui subsistent et les silences qui pèsent.

Ce n’est pas avec un synopsis comme ça, assez banal en apparence, qu’on happe les lecteurs. Ce qui intrigue, c’est plutôt le discours autour des Survivants, présenté comme un roman suspense bien ficelé et soutenu par une écriture très fine. La plume d’Alex Schulman, connu entre autres comme essayiste en Scandinavie, est belle, c’est vrai, mais d’une beauté sans flafla, fort juste, habile à tisser les atmosphères, pénétrante dans son exploration de la psyché.

Surtout, c’est l’architecture de son roman qui nous étonne. Il passe du passé au présent selon deux lignes temporelles distinctes : le passé avance de manière chronologique, alors que les chapitres au présent remontent tranquillement le fil du temps. Jusqu’à ce que ces deux lignes se rejoignent, en quelque sorte. C’est tricoté serré et, si on se demande longtemps pourquoi on parle de suspense à propos du roman Les survivants, on est finalement soufflé par la révélation au cœur du livre.

En plus de cet étonnant revirement de situation, ce qui fait la force de ce premier roman d’Alex Schulman, c’est la manière quasi psychanalytique avec laquelle il creuse les relations entre ces trois frères avides d’un amour parental dysfonctionnel, ennemis et solidaires à la fois. Un roman sombre, traversé d’éclats de lumière, qui parle de culpabilité et de pardon.

Les survivants

Les survivants

Albin Michel

288 pages

8/10