L’arrivée d’un nouveau nom dans le paysage du polar scandinave a toujours quelque chose d’emballant pour les mordus du genre. Et surtout si celui-ci peut se mesurer aux grands de cet univers – ce qui est sans contredit le cas du Finlandais Arttu Tuominen.

Le serment est son cinquième titre, mais c’est le premier traduit en français ; il lui a d’ailleurs valu le Grand Prix du meilleur polar finlandais en 2020, en plus de s’être retrouvé en 2021 parmi les finalistes du prestigieux prix Clé de verre du meilleur polar scandinave, qui a récompensé nul autre que Stieg Larsson, Jo Nesbø ou encore Arnaldur Indridason.

C’est donc avec de grandes attentes que l’on s’est immergée dans cette intrigue qui a réussi à répondre à nos expectatives. Tous les ingrédients s’y trouvent pour en faire un roman policier très réussi, dans la plus pure tradition du genre : des détectives à la personnalité complexe, qui cachent un passé trouble ou d’inavouables secrets, des voiles qui occultent le présent et prennent racine dans un lointain passé… alors que le vent glacial et l’obscurité impitoyable de novembre s’abattent sur cette région du Nord.

Tout commence lorsqu’un homme est sauvagement poignardé au cours d’une fête bien arrosée, dans un chalet en pleine forêt, aux abords de Pori, petite ville du sud-ouest de la Finlande. Le commissaire intérimaire Jari Paloviita est responsable de l’enquête qui semble, sitôt ouverte, déjà en voie d’être bouclée, puisque le suspect est presque immédiatement retrouvé. D’autant plus qu’en Finlande, « le mobile de la plupart des meurtres [est] totalement futile », écrit l’auteur, ce qui pousse les enquêteurs à vouloir rapidement fermer le dossier.

C’est là que l’intrigue se noue, car le suspect et la victime ne sont pas des inconnus pour le commissaire Paloviita. Celui-ci, qui jongle aussi avec des tensions conjugales à la maison, voit alors s’ouvrir des cicatrices qu’il croyait refermées depuis 27 ans. Entre allers-retours de 2018 à 1991 se dévoile une vieille histoire qui aura des répercussions sur le présent et menacera la carrière du policier. Le suspense ne se relâchera pas à mesure que l’on plonge dans les ramifications de l’affaire – où il ne s’agit pas de deviner qui est le vrai responsable du crime, mais bien de comprendre tout ce que peuvent masquer les faits.

La fin ouverte nous laisse assurément avec l’envie de retrouver ces personnages pour découvrir les arcanes de leur noirceur. Et à en croire les informations glanées sur l’internet, Jari Paloviita est le héros de deux autres titres subséquents déjà parus en Finlande, qui n’attendent que d’être traduits. À suivre.

Le serment

Le serment

La Martinière

432 pages

8/10