La petite Florence Roberge, 8 ans, est retrouvée seule chez elle, une coupure à chaque joue. Ni sa tante, ni la police, ni même un intervenant de la DPJ n’arrivent à lui faire dire ce qu’elle a subi ni où se trouvent ses parents. L’enfant semble avoir coupé le pont avec ses propres émotions. La faute au traumatisme qu’elle a vécu, songent les adultes chargés de percer le mystère.

Ce n’est pas à travers leur enquête qu’on en saura plus. Patrick Senécal a choisi un autre chemin : l’essentiel de son roman est constitué du journal intime de Florence, où elle consigne ses secrets. C’est à travers ses yeux, dans ses mots à elle, avec sa candeur et les limites de sa logique qu’on découvre son univers familial empreint de violence, de paranoïa, d’affection malsaine et d’absence d’empathie propre aux pires psychopathes.

Patrick Senécal ne réinvente pas la roue avec Flots. Il n’en a pas besoin : sa maestria est telle qu’il arrive à manipuler le lecteur et à le surprendre même s’il lui fait assez rapidement pressentir ce qui s’est passé, alors que la police et la DPJ, elles, pataugent encore.

Sa narratrice a beau être toute jeune, son récit n’a rien d’édulcoré. Il allie la fraîcheur de l’enfance à l’horreur pure, sans trop chercher à susciter le dégoût. La part d’innocence de Florence est en effet amplement compensée par sa connaissance malaisante des morts violentes. Sa mère est fanatique de films sanglants, ça laisse des traces de sang difficiles à laver dans le cerveau d’une gamine de 8 ans.

IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

Flots, de Patrick Senécal

Flots
Patrick Senécal
Alire
372 pages
★★★½