Malgré la pandémie, les éditeurs français publieront pas moins de 493 titres cet hiver, dont 340 romans écrits par des auteurs français. Voici une sélection de 10 incontournables de cette rentrée hivernale pas comme les autres.

Serge, de Yasmina Reza

Roman parfaitement maîtrisé par l’auteure et dramaturge Yasmina Reza. Chez les Popper, une famille française comme bien d’autres, qui aime bien châtie bien. Mais sous les mots et la difficulté d’exprimer les sentiments se cachent aussi des tensions et des blessures. Reza excelle dans l’art du dialogue. Elle a aussi un talent fou pour faire ressortir le ridicule des situations les plus tragiques. On se souviendra longtemps de la visite des Popper à Auschwitz. Certains imaginent déjà le film qu’on tirera de ce roman grinçant. Dommage que Jean-Pierre Bacri ne soit plus parmi nous, il aurait fait un formidable Serge.

Flammarion
En librairie

Le dernier enfant, de Philippe Besson

IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

Le dernier enfant, de Philippe Besson

Théo, le dernier de trois enfants, quitte le domicile familial et Philippe Besson, avec sa sensibilité habituelle, nous raconte ce départ du point de vue de la mère. Dans ce roman qui se déroule dans une seule journée, celle du déménagement, Besson réussit à décrire avec justesse le sentiment de vertige et l’immense chagrin que ressentent bien des mères (pas toutes) lorsque le dernier poussin quitte le nid. Sobre et beau.

Julliard
En librairie

Ce matin-là, de Gaëlle Josse

IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

Ce matin-là, de Gaëlle Josse

Sa plume nous avait séduite dans Une femme en contre-jour, le portrait de la photographe de rue Vivian Maier. Elle nous revient avec l’histoire intime d’une femme, Clara, 35 ans, paralysée par un burn-out. Clara est le genre de femme performante à qui tout réussit. Mais cela ne l’empêche pas de s’enfoncer et de toucher le fond du baril avant de pouvoir se reconstruire doucement. Ce n’est sûrement pas le premier livre sur la dépression, mais Gaëlle Josse a une plume fine, sensible et intelligente qui la distingue. Ce récit d’un burn-out lui permet de réfléchir sur la place du travail dans nos vies et les valeurs qui dictent nos choix.

Notabilia
Janvier

La vengeance m’appartient, de Marie Ndiaye

IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

La vengeance m’appartient, de Marie Ndiaye

C’est l’histoire de Susane, une avocate bordelaise plutôt beige qui se demande si elle ne connaîtrait pas ce client qui fait appel à ses services pour sauver sa femme, accusée d’avoir tué leurs trois enfants. Susane plonge dans ses souvenirs : elle avait 10 ans, lui, 14. Que s’est-il passé exactement ? C’est aussi l’histoire de Marlyne, cette mère infanticide, et de Sharon, une femme de ménage mauricienne. Les destins s’entrecroisent, le passé ressurgit comme dans un rêve, dans une atmosphère troublante. On a hâte de découvrir ce roman de l’auteure de Trois femmes puissantes (prix Goncourt 2009) qui est précédé de critiques élogieuses depuis sa sortie en France.

Gallimard
Février

La familia grande, de Camille Kouchner

IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

La familia grande, de Camille Kouchner

C’est le coup de tonnerre de cette rentrée littéraire, un récit sans concession de l’inceste subi par un jeune adolescent de la part de son beau-père. Le fait que le drame se soit déroulé dans les milieux politico-médiatiques français a donné à ce livre un écho retentissant. L’auteure, Camille Kouchner, jumelle de la victime, fille de l’ancien ministre et cofondateur de Médecins sans frontières Bernard Kouchner et d’Évelyne Pisier, grande figure intellectuelle française disparue en 2017, a trouvé les mots justes pour dire l’indicible.

Seuil
Février

… mais la vie continue, de Bernard Pivot

IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

… mais la vie continue, de Bernard Pivot

Il a fait paraître son premier roman en 1959. À l’âge de 82 ans, aujourd’hui à la retraite, Bernard Pivot nous parle de la vieillesse, du corps qui lâche, du temps retrouvé pour savourer l’amitié, la lecture, la vie. Celui qui avait un horaire de premier ministre semble vouloir profiter des dernières années qui lui restent, loin des scandales et des remises en question qui secouent son ancien milieu. Un luxe qui n’est pas offert à tous…

Albin Michel
Février

Un garçon comme vous et moi, d’Ivan Jablonka

IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

Un garçon comme vous et moi, d’Ivan Jablonka

Ivan Jablonka poursuit son exploration de la masculinité entreprise dans son essai Des hommes justes : du patriarcat aux nouvelles masculinités, publié en 2019 (il avait aussi parlé de violences sexuelles dans son roman Laëtitia ou la fin des hommes). L’historien travaille avec un matériau vivant : lui-même. Dans ce livre mi-récit, mi-essai, il revient sur son enfance et son éducation pour tenter de comprendre comment on élève les garçons, quelles valeurs on leur transmet, quelle idée on leur impose de la sexualité. Ce père de trois filles réfléchit à la masculinité de façade et explore des avenues qui pourraient faire éclater le carcan qui étouffe bien des hommes. Si on approfondissait cette question, qui sait, on mettrait peut-être fin à bien des souffrances ?

Seuil
Février

La traversée des temps, tome 1 : Paradis perdus, d’Éric-Emmanuel Schmitt

PHOTO FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

La traversée des temps : paradis perdus, d’Éric-Emmanuel Schmitt

Il n’y a pas grand-chose à l’épreuve d’Éric-Emmanuel Schmitt, auteur chouchou des lecteurs québécois. Après avoir écrit sur Hitler, Mozart et Dieu, il nous propose, ni plus ni moins, une histoire du monde revisitée à travers Noam, un jeune homme immortel. Nous suivrons Noam à travers les siècles et à travers sa quête de sens. Une sorte de conte spirituel qui nous mènera jusqu’à aujourd’hui. Ambitieux.

Albin Michel
Février

La vie en relief, de Philippe Delerm

IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

La vie en relief, de Philippe Delerm

Depuis La première gorgée de bière, il y a plus de 20 ans, Philippe Delerm s’est construit un lectorat de fidèles qui le retrouveront ici avec plaisir. L’auteur de ces petites vignettes dont il a le secret parle du temps qui passe et du plaisir de savourer chaque instant. Avec de courts textes, il reprend la chronologie de sa vie avec des beaux moments, des images qui ont imprégné sa mémoire, des souvenirs dans lesquels plusieurs se retrouveront. De brèves réflexions qui tombent à point alors que la pandémie nous donne beaucoup de temps pour réfléchir au sens de notre vie.

Seuil
Mars

L’inconnu de la poste, de Florence Aubenas

IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

L’inconnu de la poste, de Florence Aubenas

Dans la plus pure tradition du narrative non-fiction, un genre très prisé aux États-Unis et en émergence du côté francophone, la grande journaliste Florence Aubenas enquête sur l’assassinat de Catherine Burgod, retrouvée morte en 2008 à Montréal-la-Cluse (dans l’Ain). Le suspect principal, Gérald Thomassin, qui a remporté un César en 1991 pour son rôle dans Le petit criminel de Jacques Doillon, est arrêté et relâché deux fois. Un autre procès est prévu en 2019 après qu’un autre suspect a été identifié. Or, à l’approche du procès, coup de théâtre, Gérald Thomassin disparaît. On peut compter sur Florence Aubenas pour nous raconter cette histoire rocambolesque avec brio.

Éditions de l’Olivier
Mars

* À noter qu’en raison des mesures sanitaires en cours, certaines publications peuvent être reportées ou retardées.